Ils sont quand même balèzes à Hollywood. Je me demande comment ils ont pu imaginer que transposer une saga littéraire comme celle de E. L. James au cinéma aurait pu leur rapporter gros. Genre, j'imagine bien le mec devant le bouquin se dire "Oh purée ! On va en faire un film et on va cartonner !". Ben oui, les gens se déplaceront sûrement en masse pour admirer la romance passionnante entre un adepte du sadomasochisme et sa "soumise", c'est évident.
Ces mecs doivent quand même être des génies ou des visionnaires. Parce qu'ils ont vu juste. Le premier Cinquante Nuances de Grey a bien cartonné au box-office, et pas qu'un peu puisqu'il a rapporté plus de 13 fois le budget initial. Peut-être parce que les gens ont pensé aller voir du Twilight sous fond de SM (et comme Twilight a lui-aussi cartonné au box-office, CQFD). Les producteurs se sont donc dit qu'un seul majeur tendu au public ça ne suffisait pas et bossèrent immédiatement sur les suites.
Voici donc le deuxième opus de la saga. Et comme le montrent fièrement le titre et les affiches, cette fois-ci, les nuances seront "plus sombres". Il n'y aura plus aucune règle. Naïvement, j'ai cru donc qu'ils oseraient un peu plus que dans le premier (mais pas trop non plus hein, faut pas choquer). Allait-on enfin oser montrer un peu plus que les seins de Dakota Johnson ?
Bref, Christian Grey, qui s'est mangé un gros râteau à la fin du premier film, n'arrête pas de penser à son cher objet de soumission en la personne d'Anastasia (le pauvre en a même choppé des cauchemars à propos de son enfance traumatisante, c'est triste). Sauf que comme il est devenu un gros stalker en puissance, il la retrouve assez vite. Et comme Anastasia, elle est un peu co-conne et qu'elle croit sur parole le mec quand il lui dit qu'il a changé, elle décide de revenir (après une fantastique réplique sur le dîner que tout le monde a mentionné).
Et comme le titre le mentionne, cette fois-ci, ce sera plus sombre nom de nom. Vous saurez tout sur le troublant passé de Christian Grey. Il a eu une enfance traumatisante, sa mère s'est prostituée puis s'est suicidée, et le pauvre se faisait souvent virer de son école. Et visiblement, ça justifie le fait que Christian soit devenu un stalker possessif et un misogyne digne d'un Hubert Bonisseur de La Bath ou d'un Stan Smith. Soit c'est ça, soit le fait de montrer son enfance malheureuse ne sert strictement à rien dans le scénario. Et dans les deux cas, c'est très con.
Mais comme si ça ne suffisait pas, Anastasia croise la route d'une ancienne soumise de Christian (qui lui ressemble comme par hasard, les choses sont bien faites), qui a pété un plomb à la fin du contrat entre elle et Christian parce qu'elle voulait aller plus loin dans leur relation alors que lui non, ainsi que de Kim Basinger dans le rôle de l'ancienne dominante de Christian (c'est elle qui lui a présenté le monde du SM, comme quoi), qui a envie de se mêler des affaires d'Anastasia en l'avertissant de rompre avec lui. Ah oui, et y a son boss qui essaie de se la taper parce que c'est un connard. Vous voilà prévenus, vous allez avoir droit à des péripéties aussi passionnantes que celles d'un épisode de Plus belle la vie.
N'oublions pas, d'ailleurs, qu'Anastasia, elle est un peu co-conne. Ainsi, elle clame sans arrêt haut et fort qu'elle ne veut plus être un objet de soumission pour Christian alors qu'elle demande sans arrêt de tester les nouveaux trucs SM de son cher et tendre fiancé, et en plus de ça elle est aveugle parce qu'elle n'a jamais remarqué les brûlures sur le torse de Christian alors qu'elle l'a vu torse nu au moins une bonne quinzaine de fois. Sans doute était-elle trop occupée à jouir intérieurement. Christian quant à lui a la capacité de dresser les femmes comme des chiens auxquels on leur demande de s'asseoir (et ça c'est magique à regarder) et il est tellement malin qu'il simule un crash d'hélicoptère pour que sa dulcinée lui tombe dans ses bras. Balèze.
Et ne vous attendez pas à ce que les péripéties mentionnées au-dessus soient utiles à l'histoire hein. Le passé de Christian est non seulement inintéressant au possible mais en plus il est bâclé. Elena, l'ancienne dominante de Christian, veut qu'Anastasia rompe avec lui, la belle affaire. Après y a un vandalisme de voiture, Christian fait un ou deux cauchemars et voilà, ils se marient et Kim Basinger est pas contente, en plus de repartir après s'être pris une gifle et un verre de Martini dans la figure. Bim. Tandis que l'autre qui ressemble à Ana est tellement dingo qu'elle prend un flingue mais se fait rapidement renvoyer dans sa niche par Christian. Et à la fin, Christian et Ana se marient donc, sous le regard pas content de l'ancien boss d'Ana (le connard en haut, rappelez-vous) qui rumine sa terrible vengeance. Félicitations, vous avez perdu deux heures de votre vie.
Le spectateur lambda pourra donc t-il compter sur les scènes de sexe pour relever son attention ? C'est drôle mais pour un film qui se vante fièrement d'avoir "Plus aucune règle" sur son affiche, au final les scènes de sexe sont encore plus soft que dans le premier (et pour ça, il fallait le faire). A moins qu'il y ait des personnes qui s'émoustillent très facilement, dans ce cas elles auront le plaisir de voir Ana se faire fesser quatre ou cinq fois (mais pas par un fouet), se faire écarter les jambes et se faire retourner comme Jason Statham retournerait un criminel et deux ou trois autres trucs.
Et en plus de ça, lesdites scènes de sexe se font littéralement écraser par des chansons pop et des reprises pourries (version pop) qui envahissent tout le film. Il est censé y avoir une bande-originale composée par Danny Elfman mais les chansons pop reviennent si souvent et agressent si souvent les oreilles qu'au final, je suis incapable de m'en rappeler.
Que dire de plus ? Peut-être un petit mot sur les deux acteurs principaux qui sont aussi vivants dans leurs rôles que deux ados subissant une exposition de tableaux de trois heures au musée du Louvre. La pauvre Kim Basinger a l'air, elle, de se demander pendant ses cinq minutes d'apparition ce qu'elle fiche dans cette galère. Et moi avec.
S'il y a un truc que je peux reconnaître au film, c'est que les situations et les dialogues sont parfois si nuls qu'au final, quelques rires nerveux ont fini par sortir, là où le premier film se contentait d'être l'un des films les plus ennuyeux que j'ai vu. Enfin bon, guère de quoi sauver ce navet sexiste et ridicule des décombres hollywoodiennes. A bon entendeur.