Comme de bien entendu

Jean Boyer, c'est le cinéaste, un peu oublié aujourd'hui, qui s'est spécialisé dans les comédies populaires et gentillettes pendant sa carrière entre les années 1930 et 1960. Il suffit de donner un coup d'œil à sa filmographie pour y reconnaître des titres qui, s'ils ne cassent pas trois pattes à canard, ont le grand mérite d'être fort sympathiques et distrayantes voire même intemporelles. Comme en plus c'est un auteur de chansons, bon nombre de ses films sont émaillés de petites mélodies aux paroles un peu canailles, un peu romantiques …

C'est bien le cas de "circonstances atténuantes" qui est surtout connue pour la chanson "comme de bien entendu" qui est reprise par chacun des acteurs et notamment Arletty et Michel Simon.

L'histoire raconte les aventures du juge Le Sentencieux désormais à la retraite et de Madame obligés de "frayer" avec des petits malfrats suite à une panne de leur voiture dans un petit hôtel-restaurant de banlieue. Ce qui est cocasse dans le film, c'est la rencontre de deux mondes incompatibles que sépare définitivement la barre du prétoire.

Aux uns, la vie au jour le jour et les petites combines, aux autres la morale et la justice.

Aux uns, le coup de blanc à jeun avec une tranche de sauciflard, aux autres le petit déj avec un thé citron et deux toasts grillés.

Mais quand l'ancien juge (joué par un Michel Simon à contre-emploi) goûte à l'omelette aux champignons (avec une pointe d'ail) et au civet maison arrosé d'une bouteille de beaujolais, il semble découvrir qu'il est passé toute sa vie à côté de quelque chose …

Quant à Suzanne Dantès, qui interprète le rôle de l'épouse du juge, bourgeoise coincée de chez Coincé, un verre de beaujolais plus le pousse -café plus le champagne la transforment en une virevoltante et charmante femme qui danse la java comme si elle n'avait fait que ça toute sa vie et qui se taperait presque le petit julot, Andrex…

Reste Arletty dans le rôle de Marie dite "qu'a de ça", au rouge à lèvres ravageur, à la gouaille éclatante, comment qu'elle t'emballe le juge !

Si on fait abstraction de la scène finale, un peu trop moraliste à mon goût, le film est une agréable récréation jubilatoire où l'insouciance côtoie la joie de vivre.