Remarqué en festival, "Citadel" est un premier film qui aura servit de thérapie à son jeune cinéaste, longtemps traumatisé par une agression gratuite l'ayant rendu agoraphobe, gravant ici ses démons et ses peurs à même la pellicule.
Mais au lieux d'accoucher d'un drame social à la Ken Loach, Ciaran Foy va plutôt emprunter des chemins de traverse, s'aventurant sur le terrain du fantastique et du conte afin de faire passer ses obsessions d'une façon détournée mais paradoxalement plus frontale que ne l'aurait permit un cinéma plus traditionnel.
Maîtrisant plutôt bien sa mise en scène, Ciaran Foy accouche d'un petit film extrêmement efficace et prenant, distillant une certaine angoisse et bénéficiant d'un personnage principal dessiné avec soin, incarné avec justesse par Aneurin Barnard et ses faux airs de Elijah Wood.
Parfois maladroit dans son propos, "Citadel" s'est rapidement vu taxé de réac, de putassier, certains spectateurs bien-pensants à l'interprétation facile y voyant un appel à brûler les cités et casser de la cacaille. Dommage pour eux, "Citadel" étant bien plus complexe que ça, miroir à peine déformé d'une société craignant ses propres enfants, récit cathartique où le mal ne vient pas d'une certaine population mais bien de nous-même, de cette peur nous rongeant sans cesse le corps et l'esprit.