Citadel est un film qui s’est fait remarqué dans plusieurs festivals, bénéficiant d’un petit buzz qui augure une sortie DTV dans les formes. Rien de bien surprenant pour cette petite production, de qualité, qui choisit de composer un étrange canevas entre fantastique et lutte pour survivre dans une cité mal famée. Un petit prétexte pour laisser éclater sa rage et suivre le combat d’une victime, qui laisse enfin peu à peu éclater la colère qui l’habite.
Tel que le film se ressent, il s’agit d’un revenge movie un peu vénère (pour son final essentiellement) qui se donne le petit alibi du fantastique pour laisser éclater sa rage. En effet, un peu à la manière de Heartless qui filmait des gangs de kaïra comme des goules assoiffées de sang, les méchants sont ici des humanoïdes à taille d’enfants habillés comme des wesh wesh. Une façon comme une autre de parler de la délinquance juvénile dans les quartiers mal famés, et de planter le contexte de violence aveugle, ces derniers s’en prenant aux victimes potentielles qui passent à leur portée. C’est d’ailleurs le discours « psychologique » promu par le film : les personnes qui ressemblent à des victimes ont mathématiquement plus de chances de se faire attaquer à nouveau, et le statut de victime n’est qu’un poids, un handicap. C’est d’ailleurs l’intérêt du personnage principal. Présenté comme une victime d’office, ce dernier se retrouve à charge d’un bébé à peine né, et doit jongler entre son travail en ville et sa vie dans la cité, qui le terrifie de plus en plus. Vivre dans la peur au quotidien, c’est le climat que plante le film pendant sa première heure, et c’est essentiellement ce qui fait le contexte social de Citadel. Constat minimaliste mais réaliste, qui parvient assez bien à rendre la menace omniprésente dans ces lieux impersonnels d’habitation.
Les rares explosions de violence sont suffisamment traumatisantes pour faire pression sur notre victime de service, mais quand le bébé rentre enfin dans l’équation, la réponse nerveuse arrive enfin, nous ouvrant un dernier acte plutôt costaud en termes de réponse au problème. Niveau ambiance, le film se concentre sur l’insalubrité des lieux et le grand nombre d’angles morts propices à une embuscade, entretenant ainsi la paranoïa latente de notre personnage. Vu la modestie du budget, on peut comprendre ce choix. Relativement peu d’effets spéciaux, quelques maquillages, les ambitions sont modestes et largement atteintes, ce qui est plutôt un bon point pour cette petite production. Mine de rien, le statut de victime en puissance de notre héros est bien contrebalancé par son statut de nouveau père complètement tiraillé par ses obligations et la dégradation de son lieu de vie, qui trouve de véritables échos de nos jours. Bon, après, on ne tient pas là le film de l’année. C’est une petite production fonctionnelle, aux ambitions valides et portée par des acteurs qui s’impliquent bien.