Une excellente surprise que ce film argentin qui peut se targuer d'un véritable propos, sur l'art, la culture, l'inspiration, la probité ou la beauferie. Un prix Nobel de littérature revient au pays, quarante ans après l'avoir quitté, alors qu'il semblait bien décidé à ne jamais y remettre les pieds. Mais voilà, il n'écrit plus de puis cinq ans et on lui propose la médaille d'honneur de sa petite ville d'origine. Désœuvré, l'anachorète millionnaire finit par se laisser tenter et tout commence plutôt bien pour lui, qui vagabonde dans ces rues qu'il a connues enfant. Sachez juste que ça finit de façon nettement moins idyllique au terme d'un crescendo émotionnel mené de main de maître. Il faut saluer l'interprétation remarquable des comédiens, notamment de l'ami d'enfance de l'écrivain, un joyeux luron à double-fond comme on les aime, riche de chausses-trappes très fertiles. On pense à l'Aracataca de Garcia Marquez, ou au nobelisé Vargas Llosa, et on se plaît à méditer sur ce que de pareils génies doivent aux petites bourgades provinciales qui les ont vus grandir. Que doit-on exactement à son environnement ? Quel part de la création artistique provient de la simple perméabilité au monde ? Et d'où sort donc la valeur ajoutée de l'art ? Autant de questions que le film aborde avec une grande finesse, sans jamais tomber dans la grandiloquence ou l'intellectualisme. Au contraire, on a l'impression d'une petite balade anodine au pays de la nostalgie, qui va finir par pousser tout le monde dans ses derniers retranchements. Un coup de maître, en somme.