‘Citoyen d’honneur’ est d’une telle gentillesse, d’une telle générosité qu’il ennuie, et consterne par moment. Dommage, car quand le metteur en scène évoque avec sérieux les difficultés de l’Algérie contemporaine, il touche assez juste.
Samir Amin est un écrivain comblé qui vient de recevoir le prix Nobel de littérature. Il vit à Paris, loin de son pays natal, l'Algérie. Sollicité de toute part, il refuse systématiquement toutes les invitations qui lui sont faites. Jusqu'au jour où il décide, poussé par son fils, d'accepter d'être fait « Citoyen d'honneur » de Sidi Mimoun, la petite ville où il est né. Mais est-ce vraiment une bonne idée que de revoir les habitants de cette ville, qui sont devenus, d'année en année, les personnages de ses différents romans ?
Déjà, il y a un problème de crédibilité. Kad Merad est convainquant dans ce rôle de prix Nobel de la littérature mais quand des extraits des romans sont lus à voix haute, ils sont assez navrants et pauvres. Il est surprenant que les textes de l’auteurs n’est pas assez été pensés. Mais l’écriture ne semble pas tellement être le sujet du film mais plutôt le prétexte de celui-ci. C’est dommage. Car cela aurait pu donner de bonnes scènes. Cette homme a quitté son village et l’Algérie mais passe son temps à écrire sur elle et les siens.
‘Citoyen d’honneur’ est avant tout une comédie mais je trouve que les ressorts comiques s’appuient sur des facilités assez affligeantes. Il règne dans le film une sorte de pittoresque algérien assez clichtoneux. L’humour joue sur le phrasé et l’accent algérien. Rien ne semble fonctionner en Algérie, des prises électriques aux téléphones muraux. Tout semble cheap, du petit film hommage à la procession honorifique. De même que fonder l’exclusivité de l’humour sur le contraste entre les deux parties, franchement c’est décevant.
Dommage, car il y a un vrai fond, un vrai sujet que Mohamed Hamidi n’oublie pas de traiter. L’Algérie semble être un pays bloqué, qui n’avance pas. La jeunesse est frustrée, n’a pas d’avenir et ne se fait aucune illusion. Ce blocage se caractérise par un conflit générationnelle entre cette jeunesse qui est en quête de liberté et la génération d’avant engoncée dans les traditions et le conservatisme quand elle n’est pas aux prises avec un islamisme radical. Le film montre aussi l’attachement de certains algériens pour la France et qui préfèrent quitter leur pays de naissance, une conséquence encore patente de l’époque coloniale.
Ce qui est regrettable au fond, c’est que le metteur en scène avait la matière pour faire un bon film. Il avait une histoire passionnante, un contexte politique (celui des grandes manifestations algériennes contemporaines) et surtout d’excellents acteurs. Kad Merad est vraiment bon. Il a la sobriété qu’il faut pour le rôle. Mais j’ai surtout beaucoup aimé Oulaya Amamra que j’avais déjà vu au cinéma sans vraiment la remarquer. Elle est très juste et exprime à elle seule le désarroi de la jeunesse algérienne.
‘Citoyen d’Honneur’ est globalement une déception même si certains aspects du film suscitent l’intérêt. Il semblerait que le film ait été fait pour être un succès au box-office puis pour être un succès d’audimat à la télévision sur TF1. Le film semble d’ailleurs avoir été davantage conçu pour le publique français que pour le publique algérien tant les algériens sont dépeints comme on peut les imaginer dans les clichés les plus éculés.
L’ensemble est majoritairement assez ennuyeux et parfois niais. C’est vraiment dommage. Le film est un remake du film argentin ‘Citoyen d’honneur’ réalisé par Gastón Duprat et Mariano Cohn, réalisateurs du récent et réussi ‘Competencia official’. D’après la critique, c’était une satire assez mordante. Peut-être qu’il vaut mieux voir le film original que la copie.