Si j'ai regardé ce film c'est parce qu'il est en tête des meilleurs films de 2020 d'après les cahiers du cinéma et si j'avais su je me serais abstenu.
En fait de ce film je ne garde que la sale impression d'avoir perdu mon après-midi à voir ça et qu'à la place j'aurais pu voir trois autres films, lire un bouquin ou que sais-je encore. La durée est un vrai problème, c'est trop long et ça tourne vite en rond, Wiseman place sa caméra dans diverses commissions, filme des discours et c'est quasiment toujours la même chose qui revient : blabla l'immigration, les LGBTQ, les communautés X ou Y, parfois on parle des pauvres et des gens qui ont faim, mais j'ai surtout l'impression que ça radote à mort.
Alors l'Histoire fait que le Maire que l'on suit dans ce film vient d'être nommé secrétaire au Travail par Biden. J'ai l'impression que Wiseman tient Marty Walsh en assez haute estime et normalement en sortant du film on devrait le trouver formidable. Sauf que je vois juste un politicien à qui on veut coller une bonne image. Il est toujours mis en valeur, on voit qu'il s'active pour sa ville... un vrai héros ! Mais en vrai c'est un réel problème du film de Wiseman qui ne me donne pas l'impression d'accéder à quelque chose de rare et d'unique sur la vision politique d'un Maire progressiste. J'ai plus l'impression de voir un étalage de communication calibrée, que ça soit dans les discours, mais aussi dans les réunions où tout est bien trop sage, où personne ne se contredit trop, personne n'est virulent, tout le monde est bien gentil et œuvre dans le même sens... Tout en se félicitant qu'Amazon vienne exploiter 4 000 habitants de la ville (la gauche aux USA c'est vraiment une autre culture).
La parole n'est donnée aux citoyens de Boston que vers 4h de film, moi ça faisait bien une heure que je m'emmerdais sec et malheureusement c'est un renouveau qui n'arrive que trop tard. On s'est quand même tapé près de 4h de communication politique, il fallait introduire le peuple avant... En fait ça donne cette sale impression que des gens dans des bureaux décident de trucs sans se soucier des gens, de ce dont ils ont besoin tout en se prétendant proche d'eux.
Alors finalement les meilleurs moments du film (à ne pas étaler sur 4h30 cependant) c'est ces employés communaux que l'on interroge pas, auxquels on ne demande pas leur avis, mais qui font juste leur travail, qui coupent des branches, qui ramassent les poubelles, qui aident les citoyens...
Mais malheureusement j'ai trouvé ça déconnecté des discours du Maire et de son équipe.
En fait ce qui fait tout le problème du film, c'est qu'à aucun moment quelqu'un lâche prise, quand Depardon filme Giscard en 74 le film a été interdit parce que clairement on sentait les coups et les calculs politiciens... Là rien... On reste dans ce contrôle absolu de la communication qui devient juste absolument éreintant et fatiguant.
Surtout qu'étant donné qu'il n'y a ni voix off (je ne dis pas qu'il en fallait une), ni commentaire d'aucune sorte on ne sait pas si ce que disent les gens va réellement être appliqué par la suite ou si c'est juste des belles paroles.
En fait tout ça fait faux, et même les gens qui viennent faire passer leurs doléances à la fin du film semblent tous aller plus ou moins dans le même sens, ils parlent tous biens... En fait ça manque cruellement de l'avis des gens d'en bas, des SDF pour qui ils disent créer des abris... des travailleurs chez Amazon... des types qui bénéficient de l'aide alimentaire... Parce que oui on voit Walsh faire son discours, mais les gens qui en bénéficie on ne les entend pas.
Alors je ne connais pas Wiseman et son cinéma, mais en déroulant son tapis rouge aux démocrates et à l'idéologie progressiste ricaine où on fait référence à la couleur de peau toutes les 30s (clairement c'est une autre culture... et je n'ai aucune envie que ça continue à s'importer chez nous) il échoue à filmer le réel, à produire des images inédites qui dépassent la seule communication.
Encore une fois, sur 2h j'aurais pu tolérer, mais là 4h30 c'est juste assommant surtout que je sors du film sans en avoir rien retiré.
Ah si, je sais qu'une broyeuse ou un compacteur ça ne rigole pas...
En somme je ne pense pas être le public cible pour ce qui du discours politique, pour ce qui est du traitement beaucoup trop conciliant et pour cette représentation bisounours de la politique où tout le monde est gentil, bienveillant et compétant...
Bref, pour me parler il aurait plus fallu filmer les éboueurs que le Maire...
Hâte cependant de voir Liev Schreiber dans le biopic !