Il y a d'abord Mr. Big (Sammo Hung), mais aussi Cyclone (Louis Koo), deux leaders forts et redoutés, dans ce décor de cinéma hongkongais, au style reconnaissable mais presque inclassable.
Puis Chan Lok Kwan (Raymond Lam Fung), un personnage que l'on suit lors de son évasion, dans une suite de combats comiques et effrénés, là où les arts martiaux deviennent un langage universel. Avec des corps qui s'expriment mieux que des mots lorsqu'il s'agit de fracasser des crânes, briser des os. Sans oublier ce diable de King (Philip Ng), qui semble invulnérable, doté de pouvoirs magiques.
Un film dans lequel chaque danse est un combat, chorégraphié avec énergie et humour, pour une rencontre vers un même souffle.
Enfin, apparaît Kowloon, sous les yeux éblouis et terrifiés de Chan Lok Kwan, l'entrée des portes d'un palais bourré à craquer, tenu de main de maître par la triade.
Une économie parallèle, qui grouille de petites fourmis clandestines. Cette façon chez Soi Cheang de montrer tout l'art de survivre, sous un paysage sans lune ni soleil. Une jungle urbaine, où les rues sont des veines et les murs des souvenirs de bataille pour le pouvoir.
À travers tous ces combats, ce sont aussi des images de cette enclave chinoise au milieu de la colonie de Hong Kong, aujourd'hui disparue, que Soi Cheang a su filmer et raconter avec maîtrise.
C'est alors sous un esprit chaotique et coloré, dominé par une énergie anarchique, que surgissent tous ces emplois de fortune, trafics en tous genres. Une organisation sans faille, qui offrira à tous ces enfants orphelins une famille, un foyer que certains trouveront. De la nourriture partagée, dans ce lieu de malheur et de violence.
Un bidonville contre un monde qui refuse d'écouter, qui hurle en silence son envie de vivre. Une liberté par la lutte, comme ces avions qu'ils auraient pu toucher du doigt sans jamais pouvoir s'envoler.
City of Darkness est un très bon film, qui n'a jamais peur de paraître ridicule, qui propose une série de héros et de méchants plus grands que nature. Des scènes d'action et d'émotion qui fonctionnent par son histoire réelle et tragique. Tels des animaux en cage, tissés de secrets, de peurs et d'espoirs, où l'âme est une monnaie, et la violence une loi