City of Dreams par G_Savoureux
Attendant ce film comme un documentaire sur l'état actuel de la ville de Detroit, complètement effondrée sur elle-même sous le poids des dettes et d'une économie en berne, sur les moyens qui permettent à la population de survivre, voire de s'inventer de nouveaux modes de vie, de relations et de consommation, j'ai trouvé en réalité tout autre chose.
Ici, point de mise en perspective, de prise de recul sur la situation actuelle, mais un regard personnel sur la traversée du XXe siècle par la ville. Aucune référence géographique, des références historiques un peu floues, des anecdotes superflues (et qui prennent trop de place), et beaucoup de témoignages de l'entourage direct du réalisateur qui peinent à susciter l'intérêt. Du coup, ce n'est pas toujours facile de jongler entre les noms de lieu, les rapports entre les quartiers, le déplacement du centre de gravité de la ville ou des communautés.
Très peu d'éléments, finalement, viennent montrer l'état actuel de la ville et son fonctionnement. Le réalisateur tente avant tout de s'attarder sur les causes historiques qui ont mené Detroit, un temps l'objet de vagues migratoires d'ouvriers du monde entier, à devenir une ville dont les habitants fuient, avec un fort accent mis sur les questions raciales et communautaires.
Une rencontre avec le réalisateur après le film aura le mérite de préciser bon nombre de choses, et en premier lieu son intention profonde : montrer que Detroit est un symbole de l'american dream dans tous ses excès. Malheureusement, au lieu de montrer que les premiers responsables de la chute sont justement ceux qui ont bénéficié de son essors (les ouvriers accédant à la classe moyenne et sur-consommant jusqu'à l'absurde), on nous donne à voir tout un tas d'éléments qui tournent autour du pot sans jamais faire mouche.
D'un point de vue cinématographique, la réalisation est solide (mélange d'images d'archives et de prises de vues actuelles) et la musique colle vraiment bien au propos. Mais un documentaire où la forme marche mieux que le fond est difficile à recommander.
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