Jonathan Gold n’était pas qu’un simple critique gastronomique et ce documentaire vient nous le rappeler.
La réalisatrice Laura Gabbert dresse ici le portrait passionnant d’un amoureux de la bonne bouffe. Oubliez le cliché du critique culinaire du guide Michelin qui tomberait des nus devant un plat de la haute gastronomie française, car le critique gastronomique dont il est question ici ne ressemble en rien à l’idée de ce que l’on s’en fait.
Jonathan Gold a débuté sa carrière comme correcteur auprès du magazine LA Weekly avant de se faire un nom à Los Angeles en débutant comme critique musical spécialisé dans le rap (il a notamment côtoyé Snoop Dogg, Dr. Dre ou encore les NWA). Par la suite, il intègre le Los Angeles Times et devient critique gastronomique et se fait une spécialité de mettre en avant les cuisines du monde.
« Sa cartographie culinaire est une cartographie de la région. »
Vous pensiez voir un documentaire centré sur un critique culinaire ? Détrompez-vous, City of Gold (2015) est aussi et surtout un portrait de la ville tentaculaire qu’est la Cité des Anges. Los Angeles est une ville cosmopolite et multiculturelle, un véritable melting-pot à travers lequel il mettra en lumière la cuisine d’immigrants traditionnels plutôt que les éternels restaurants "bon chic bon genre".
Jonathan Gold n’était pas qu’un simple critique culinaire, il était aussi un critique culturel qui aura permit de mettre en avant L.A. et ses habitants. Ajouter à cela qu’il fut aussi le tout premier critique gastronomique à être récompensé du prix Pulitzer en 2007. Sa renommée était-elle, qu’à chaque fois qu’il sortait un article sur un restaurant, un food-truck ou n’importe quel bouiboui, cela changeait le destin à jamais du restaurant et de son propriétaire. Il aura réussi à faire détourner le regard des professionnels de la gastronomie et du grand public, délaissant les belles tables pour les petits restaurants qui à première vue ne payaient pas de mine (certains étaient même situés dans des centres commerciaux).
Décédé des suites d’un cancer en 2018 à l’âge de 57ans, quel plus bel hommage pouvait-il recevoir que cette épitaphe sur sa sépulture "Tacos Forever" (il ne cessait de venter les louanges des tacos de Los Angeles).
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