Avec "Civil War," Alex Garland signe un blockbuster d’auteur mature qui tranche avec l’omniprésence des franchises, remakes et reboots dominants aujourd’hui. Ce road-movie oppressant suit un groupe de journalistes tentant de témoigner de l’effondrement d’un pays en pleine guerre civile, où la Californie et le Texas se sont alliés contre le gouvernement fédéral. Le film ne précise pas quand se déroule l’action, mais tout dans son ambiance et sa mise en scène suggère que cette catastrophe est imminente, voire déjà en cours. Contrairement aux dystopies futuristes souvent confortables pour le spectateur puisque fantasmés , "Civil War" agit comme un miroir glaçant de notre époque. C’est précisément ce réalisme qui en fait un film terrifiant .
Le réalisateur évite les effets spectaculaires gratuits tout en livrant des scènes d’action à l’impact visuel indéniable. Loin des blockbusters traditionnels, il alterne entre des moments de tension suffocante et des séquences au rythme plus lent , marquées par des dialogues introspectifs. Cette approche quasi documentaire renforce l’atmosphère oppressante d’un pays ravagé par la guerre. Ce parti pris, bien que puissant, peut déstabiliser le spectateur en quête de pur divertissement.
Le film épouse le point de vue de ses protagonistes : des journalistes de terrain, observateurs plutôt qu’acteurs du conflit, cherchant à rester neutres par principe. Cependant, en évitant d’explorer les causes profondes de la guerre et en maintenant une certaine distance politique, "Civil War " élude toute analyse approfondie du contexte. Qui se bat contre qui, et pourquoi ? Le film ne cherche pas à répondre, ce qui, bien que cohérent avec son regard journalistique, peut frustrer si on espère une lecture plus engagée de l'état du monde.
Mention spéciale à Kirsten Dunst, qui livre une performance impressionnante en photojournaliste aguerrie, portant sur son visage la fatigue et le poids des horreurs qu’elle a vues durant sa carriere . À travers elle et son équipe, "Civil War" interroge le rôle des médias en temps de crise : jusqu’où faut-il aller pour témoigner de l’horreur ? Quelle est la responsabilité d’un reporter face aux atrocités qu’il capture ?