Étrange film franco-yougoslave, où ce qui semble n'être qu'une banale histoire de femme isolée dans une usine désaffectée finit par devenir une mésaventure surnaturelle. C'est un film indé un peu fauché mais avec de bonnes idées et une bonne musique. C'est juste que l'éclairage n'est pas terrible (même si ça amplifie l'atmosphère angoissante), et que c'est un peu difficile à suivre niveau cohérence.
On suit Martine, qui a accepté de planquer un magot louche pour le compte d'un certain Bé Schmuller dans une usine de fabrication de mannequins abandonnée près d'une frontière.
Elle ne devait n'y passer que quelques jours sans être vue ou fréquentée, mais hélas l'endroit s'avère squattée d'abord par deux clochards louches et leur gros chien.
Pourquoi ne pas vivre derrière les ombres ?
- lui lance l'un avant de rire comme un dément.
Sans compter les bruits suspects et les cauchemars qui viennent bouleverser sa tranquillité. Elle repense alors. à ce croquemitaine qui venait hanter ses nuits quand elle était petite.
Puis vient cet étrange homme (joué par Clementi). À priori un être excentrique ou un fou, presque muet et aveugle, qui la harcèle et entre dans l'usine comme si c'était chez lui, alors que seuls Bé et Martine sont censés avoir la clé.
Peut-être était-il là avant eux et n'a pas apprécié qu'on lui vole son foyer, ou qu'il est échappé de l'asile ? - se dit-on.
Ou peut-être est-ce un psychopathe ... ou le croquemitaine de son enfance.
On commence à penser ça dès que l'homme se met à chanter, provoquant des chœurs fantômes et des mouvements d'esprits frappeurs. J'en venais même à me dire que l'usine avait été construit sur un cimetière tribal yougoslave hanté, d'où ces scènes surnaturelles.
À moins qu'il ne s'agit d'un délire de Martine. Toujours que lorsque que Clémenti tue ou semble tuer Bé, Martine sombre dans une dimension de rêves et de cauchemars : de peur, elle se mutile et s'évanouit. Puis elle fait appel à elle plus jeune, partageant ses pouvoirs à travers le temps, et se rend compte que le croquemitaine n'était autre que son père qui l'effrayait quand elle était petite.
Quand enfin, elle(s) le bat, elles échangent un instant de soulagement symbolique ensemble, passé et présent (quoique l'actrice adulte et la gamine nues à proximité, c'est une moralement et légalement un peu malaisant à mon goût malgré le contexte de la scène).
Martine retrouve son Bé, qui semble étrangement ressuscité, elle pense alors enfin être heureuse avec ces fortes émotions. Sauf que Bé l'abat de 3 balles dans le buffet pour récupérer son magot. Martine meurt enfermée dans l'usine dans un super effet de passage en noir et blanc, ramenée par Clémenti avec lequel elle se réconcilie.
Le film se termine avec le générique où Clémentin Alric chante Elle sur Martine et sa traversée du temps.