Panique sanitaire d'un français comme les autres
17ème Festival du Court-Métrage de Fréjus, sélection Hermès, Film 5
[Courts-métrages, donc courtes critiques]
Eric (Laurent Lafitte), un homme aux alentours de la trentaine, tente de convaincre sa femme de lui remplir son petit pot pour les tests médicaux qu'ils doit subir avec son boulot. Etant donné qu'il a fumé quelques joints en soirée, ou le soir avant de dormir, il craint de perdre son travail s'il est déclaré positif au THC. Mais face au refus catégorique de sa compagne de l'aider, il va désespérément rencontrer tous ses proches dans l'espoir d'obtenir enfin l'aide d'une âme charitable pour lui remplir son pot. Mais il va aller de déboires en désillusions en s'apercevant qu'aucun d'eux n'est "clean". Poussé par la force du désespoir, il va finalement retrouver sa grand-mère qui lui réserve une petite surprise... Bredouille (ou presque...), il rentre déprimé chez lui pour s'apercevoir que sa femme lui a finalement rempli un pot...
Ce court-métrage était l'une des meilleures découvertes de ce 17ème Festival. Drôle, bien interprété (acteurs pro) et parfaitement rythmé, Clean s'avère être un excellent divertissement. Mais surtout, il est très habile dans sa manière de cerner son propos, à savoir la dédiabolisation de la fumette. Habile, car sans jamais laisser supposer que "Fumer, c'est bien", il semble exhorter le spectateur à percevoir la consommation raisonnable de cannabis comme quelque chose de populaire, qui touche toutes les générations, sans que cela n'empêche qui que ce soit de mener à bien une carrière, une vie de famille ou encore d'avoir des relations amicales. Car le fumeur de joints "raisonnable" est comme tout le monde, il a un boulot, des amis, une famille, bref, une vie totalement normale, et ce à tous les échelons sociaux, car les fumeurs existent dans chacune des professions, sans que cela n'affecte leur vie personnelle ou professionnelle.
Pourtant, d'après certains politiques, la fumette est un mal qu'il faut éradiquer. Vous comprenez, ceux qui fument des joints sont des délinquants (c'est le code pénal qui le dit)... Le problème, c'est que fumer un joint n'est pas plus nocif que boire un verre d'alcool, et ça c'est un fait prouvé scientifiquement. Ce qui est également prouvé, c'est que le cannabis est moins addictif que le café, l'alcool ou la cigarette elle-même (ce n'est pas non plus une généralité, les effets du THC pouvant légèrement varier selon les personnes). Enfin, quand des gens fument un joint chez eux ou en soirée entre amis, ils n'embêtent personne, ne deviennent pas agressifs comme peut le devenir quelqu'un bourré, et n'ont certainement aucune envie de devenir des voyous juste parce qu'ils ont fumé. Etre un voyou et être un fumeur sont deux états totalement indépendants. On peut être l'un ou l'autre, même les deux, mais le joint n'a rien à voir là-dedans. C'est justement ça que dévoile le réalisateur sur fond de comédie, et honnêtement, la multiplicité des rires groupés lors de la projection, et la salve d'applaudissement qu'elle a générée font chaud au coeur. Politicards, à bon entendeur.