Clint n'est plus seul. Lee arrive. Par le train. Et il fait une sale gueule.

[A prononcer en anglais]
"- 16... 17... 22... *Clint fronce les sourcils, dubitatif. 22 ? ... *BANG !!! ... 27.
- Any trouble Boy ?
- No, Old Man. I thought I was having trouble with my adding. *Crachat et léger hochement de tête satisfait. It's all right now."

... Et Pour Quelques Dollars de Plus sublime les maigres défauts ou manques de Pour Une Poignée de Dollars, réalisé 2 ans auparavant par le même Sergio Leone. Deuxième épisode de la fameuse saga du dollar sur le Far West américain, ce film prouve bien que les européens sont au moins aussi bons pour créer des westerns que les natifs de ce légendaire continent de l'Ouest. Ici, le scénario est légèrement plus étoffé que A Fistfull of Dollars tout en étant bien différent. D'ailleurs, pour illustrer ce changement, Leone débute illico par la présentation de son nouveau personnage phare, histoire de mieux préparer la fantastique conclusion de sa saga intemporelle : Lee Van Cleef.

Avec Lee, Clint commence sérieusement à partager le devant de la scène des personnages charismatiques ici, et pour la première fois de la saga, on se retrouve donc avec un triptyque talentueux de regards perçants et d'hommes à la prestance stupéfiante. Car Gian Maria Volonte, cantonné plus à un fort second rôle dans A Fistfull of Dollars, devient ici un personnage "vedette" au même titre que Clint et Lee. Les regards, les attitudes, les postures, les répliques, tout est équitablement partagé en 3 points de vue distincts dont aucun ne revêt plus d'importance qu'un autre. D'autant plus qu'ils convergent tous trois, malgré des motivations différentes, vers un seul et même objectif : la banque la plus protégée de tout l'Ouest américain, celle d'El Paso.

El Indio (Volonte), se fait libérer de prison et décide de frapper un dernier gros coup en dévalisant cette fameuse banque. Clint, The Man With No Name, est chasseur de prime et a encore une belle vie qui l'attend s'il est assez doué pour éviter la Faucheuse qui l'accompagne telle une ombre indomptée. Lee, colonel à la retraite, s'est reconverti en chasseur de prime et ses pas, comme ceux de Clint, vont le guider instinctivement à El Paso, ville dans laquelle ils ont tous deux deviné le coup préparé par El Indio, criminel à la prime de 10,000 $ qui les attire avidement. Les deux bounty killers se rencontrent, se jaugent, et cela nous laisse ainsi savourer une scène d'intimidation réciproque d'anthologie par ces deux fortes têtes hautement charismatiques.

Ennio Morricone est toujours là pour nous maintenir constamment alertes, pour nous plonger encore plus dans l'ambiance voulue par Leone. Réalisation impeccable, musiques sensationnelles, encore supérieures au précédent opus, scénario plus travaillé et plus complexe, acteurs fabuleux, tension constante, il n'y a pas de doute, Sergio a vraiment réussi son -six- coup. Sombre et léger à la fois, on ne peut que s'attacher à chacun des personnages, même à El Indio, superbement interprété par un Gian Maria Volonte qui donne encore plus de poids à son personnage, car plus torturé, plus... blasé, bien que plus malin encore qu'avec son rôle précédent de Ramon. Tous trois se partagent donc la vedette, Clint s'essaye à nouveau au double-jeu (même triple parfois !), et Lee, en Clint version plus âgée et bien plus sage car plus expérimenté, est tout simplement génial.

Tous trois sont des tireurs hors normes, possédant chacun un style qui leur est propre et une allure en opposition constante, mais impossible pourtant de dire lequel est le plus classe. Ici, Leone ne nous laisse aucune chance de dénicher une seule star dans son film. Il a choisi le trépied, ce qui ajoute forcément à l'équilibre général si les trois pieds sont de même taille et bien équilibrés. C'est le cas, et franchement, on ne s'en plaindra pas. Quant à la fameuse scène finale dans cet hémicycle poussiéreux, Leone a choisi de conserver sa logique tertiaire pour nous offrir une fin... inoubliable, comme souvent.

Créée

le 12 mars 2012

Modifiée

le 21 août 2012

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Taurusel

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