Après « La Voie de la justice », voici un nouveau long-métrage qui prend pour toile de fond le couloir de la mort. Il prend ici la forme d’un réquisitoire contre la peine capitale encore en vigueur dans certains états américains. Mais l’angle choisi ici est tout autre. Pas de suspense quant à savoir si un condamné sera gracié, ou si peu, mais plutôt une plongée dans les coulisses de ce lieu macabre où des fonctionnaires doivent exécuter cette sentence si détestable. Le personnage principal est d’ailleurs ici la directrice de cette section si particulière d’un pénitencier américain, un personnage autour duquel gravitent quelques autres (son assistant, son mari, l’aumônier, des condamnés et leurs familles, …). « Clemency » fait le choix de disséquer les conséquences d’un tel métier sur la vie de tous les jours de cette femme que cela soit sa vie de couple, ses rapports avec ses collègues et sur ses âmes et consciences.
Des belles intentions pour une œuvre très réaliste et sobre qui fait le choix de l’introspection psychologique et de l’anti-spectaculaire. Un choix qui en vaut un autre mais qui en pratique nous déconnecte totalement d’un aspect fondamental, en l’occurrence l’émotion. Avec un sujet au tel potentiel dramatique, on est étonné de voir à quel point elle reste sur le bas-côté. En effet, jamais on ne parvient à être ému par le sort des condamnés ni par les états d’âmes de cette directrice de prison. Pourtant, Alfre Woodard fait un travail d’actrice admirable, tout en retenue mais empli de justesse. On ressent tout à fait les interrogations, les regrets et les doutes de son personnage partagé entre sa compassion pour les condamnés et le respect de la déontologie de son travail. Mais, tout est si froid, si austère et si peu avenant que, même si ça pourrait coller avec le décor, on reste complètement extérieur aux évènements et aux affects du personnage.
De plus, « Clemency » s’éternise dans d’interminables silences et de longs tunnels de dialogues pas toujours passionnants qui ruinent encore plus l’intérêt que l’on aurait pu développer pour le sujet. Et puis, au fond, le film enfonce des portes ouvertes. Oui, pour beaucoup de monde, la peine de mort c’est horrible donc il n’est pas difficile de cueillir le spectateur à cette cause. On passe donc près de deux heures devant un long-métrage monotone et d’une platitude assez confondante. C’est presque soporifique. Et les deux scènes de mises à mort qui ouvrent et clôturent le film, peut-être les plus intéressantes, ont déjà été vues ailleurs et en mieux. On ressort donc déçu en ayant l’impression de s’être ennuyé et d’avoir perdu son temps. Comme « La Voie de la justice », un film sur le sujet de la peine de mort qui peine et ne captive pas, même sous un prisme différent.
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