Cléo, Melvil et moi est un objet quelque peu hybride, avec une grande part autobiographique pour son réalisateur, Arnaud Viard. C'est son quotidien qu'il filme, par bribes, celui d'un quinquagénaire séparé, qui vit avec ses enfants à mi-temps, alors que le confinement vient de commencer. Les rues de Paris, désertes, sont filmées en noir et blanc. Pour autant, le film n'est pas une pure autofiction, même si le cinéaste y évoque également son père en voix off et des souvenirs parmi lesquels le célèbre match Saint-Étienne/Dynamo Kiev de 1976. Ce journal intime, qui mise sur la sincérité (ce sont les propres enfants de Arnaud Viard qui apparaissent) et la spontanéité, recueille l'atmosphère d'une époque singulière avec une grande douceur, comme une parenthèse presque enchantée, sans le tumulte des encombrements parisiens, et sans angoisse non plus, en dépit des annonces régulières d'Emmanuel Macron à la télévision. Et puis, le film raconte les débuts hésitants d'une histoire d'amour, avec simplicité, et avec la complicité d'une Marianne Denicourt égale à elle-même, c'est à dire gracieuse et pudique. S'agit-il encore de réalité ou de fiction ? La réponse n'appartient pas au spectateur, lequel, de son côté, se souviendra de sa propre expérience confinée, avec nostalgie ou au contraire douleur. Pour Arnaud Viard, c'est certain, ce fut une période synonyme de bonheur et de légèreté.

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le 3 mars 2023

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