Cléo, Melvil et moi est un objet quelque peu hybride, avec une grande part autobiographique pour son réalisateur, Arnaud Viard. C'est son quotidien qu'il filme, par bribes, celui d'un quinquagénaire séparé, qui vit avec ses enfants à mi-temps, alors que le confinement vient de commencer. Les rues de Paris, désertes, sont filmées en noir et blanc. Pour autant, le film n'est pas une pure autofiction, même si le cinéaste y évoque également son père en voix off et des souvenirs parmi lesquels le célèbre match Saint-Étienne/Dynamo Kiev de 1976. Ce journal intime, qui mise sur la sincérité (ce sont les propres enfants de Arnaud Viard qui apparaissent) et la spontanéité, recueille l'atmosphère d'une époque singulière avec une grande douceur, comme une parenthèse presque enchantée, sans le tumulte des encombrements parisiens, et sans angoisse non plus, en dépit des annonces régulières d'Emmanuel Macron à la télévision. Et puis, le film raconte les débuts hésitants d'une histoire d'amour, avec simplicité, et avec la complicité d'une Marianne Denicourt égale à elle-même, c'est à dire gracieuse et pudique. S'agit-il encore de réalité ou de fiction ? La réponse n'appartient pas au spectateur, lequel, de son côté, se souviendra de sa propre expérience confinée, avec nostalgie ou au contraire douleur. Pour Arnaud Viard, c'est certain, ce fut une période synonyme de bonheur et de légèreté.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2023

Créée

le 3 mars 2023

Critique lue 468 fois

2 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 468 fois

2

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13