Cleopatra (ou devrais-je dire Kuleopatula prononcé à la japonaise) est probablement un film avant-gardiste pour son temps, que ce soit au niveau de son animation ou de sa manière de raconter une histoire en général. 50 ans plus tard, le film se laisse encore regarder, mais plusieurs éléments m'ont empêché de passer un bon moment.
Je passe le pitch de base de l'histoire : pour trouver pourquoi leurs ennemis ont appelé leur opération militaire Cléopâtre, trois occupants d'un vaisseau spatial sont envoyées dans le corps de gens du passé pour vivre avec Cléopâtre jusqu'à sa mort. Admettons. Mais rassurez-vous, si vous n'avez pas trop compris ce passage, cette mission sera renvoyée au rang d'intrigue secondaire jusqu'à une fin réglée en deux minutes, donc tout va bien.
A mon humble avis, le défaut principal du film est son côté pervers, certes assumé, mais assez lourd. Les femmes y sont surtout pour rôle d'être belles et au mieux de manipuler les hommes par la beauté, comme c'est le cas pour Cléopâtre dont l'objectif premier est d'assassiner les Romains venus occuper l'Egypte. Certes, cela ne les empêche pas d'être suffisamment développées au niveau de leur personnalité pour certaines (Cléopâtre, bien sûr, mais aussi sa mentor Apollodoria et Libya). Mais on notera l'omniprésence des poitrines généreuses et sur les lèvres pulpeuses. Ce qui m'a le plus gêné reste les longues scènes de sexe pas complètement explicites mais loin d'être simplement suggérées, au niveau visuel comme au niveau auditif. Elles sont parfois utilisées d'une manière artistique (lignes qui bougent de manière minimaliste par exemple), mais qu'elles paraissent longues ! Et quand on y ajoute quelques gags grivois (du genre le léopard qui se frotte l'entrejambe contre un sac où Cléopâtre est retenue), il faut s'accrocher.
Secondairement, la bande-son est assez oubliable à l'exception de petits airs vaguement drôles dont les Japonais ont le secret. Les bruitages ont aussi assez mal vieilli, certains risquant même de perforer vos tympans selon le volume.
Le film a tout de même des bons côtés. L'animation est vieille de 50 ans mais plutôt efficace, avec des prises de risque payantes. L'humour non pervers est également présent et globalement réussi, à travers quelques anachronismes savoureux, des personnages ridicules mais non unidimensionnels, des effets de décalage ou des mises en scène originales. Là-dessus, chacun ressortira avec quelques bons moments en tête. Enfin, l'histoire reste cohérente et assez agréable à suivre quand on arrive à s'attacher aux personnages.
Toujours est-il que de mon côté, le rythme lent du film (ce qui l'allonge à près de deux heures), associé à son caractère érotico-grivois, ne m'ont pas convaincu. Dès lors, il devenait plus difficile d'en apprécier les bons côtés. A réserver plutôt à un public averti, donc.