Cela va faire bientôt 30 ans que Clerks, premier film de Kevin Smith est sorti. Celui ci racontait l'histoire de la jeunesse de son temps, la génération X et était la première pierre du Viewaskewniverse, son univers partagé créé plus de 10 ans avant Marvel.
Une douzaine d'années plus tard, une suite nous ramenait sur le devant de la scène Dante et Randall pour nous montrer ce qu'ils étaient devenus après avoir franchi le cap de la trentaine, toujours perdus dans leurs questions existentielles et leurs frasques ponctuant leurs vies monotones d'employés.
Quinze années se sont écoulées depuis cet épisode deux, tant de choses ont changées entre temps dans la vie du réalisateur et celui-ci a voulu laisser l'emprunte de sa vie à nouveau à l'écran. Car oui, Clerks premier du nom, était librement inspiré de son expérience au sein d'une supérette et du vidéo club mitoyen, lieu du tournage d'ailleurs.
Entre temps, nourri à la bouffe, l'homme a pris des dizaines de kilos à un point où il en devenait méconnaissable, et ce qui devait arriver arriva: une crise cardiaque a failli avoir raison de lui ce qui lui a permis d'avoir une réelle remise en question et prendre soin de lui.
Pourquoi je vous raconte tout ça ?
Et bien tout simplement, parce que c'est le sujet du film. Randall fait un point sur sa vie suite à une crise cardiaque et décide de faire quelque chose de sa vie... en s'improvisant réalisateur d'un film autobiographique se déroulant: à l'épicerie Quick Stop de leurs débuts qu'ils ont racheté dernièrement !
Alors évidemment ce côté nombriliste se nourrissant principalement de ses acquis passés ne plaira pas à tout le monde. On aime ou on n'aime pas le style Kevin Smith, ses références, son écriture, ses blagues, ses personnages... mais si on aime, on est toujours heureux de retrouver sa galerie de personnages Dante, Randall, le petit nouveau Elias, et bien entendu Jay & Silent Bob, pour ne citer que les figures de proue.
Ajoutez là dessus sa famille, certains guests récurrents, d'autres nouveaux suite à son aventure dans le dessin animé chez Netflix: tous les ingrédients de son cinéma, mais cette fois ci dans une version fauchée.
Car oui, ça se sent, il n'a plus les moyens de la grande époque Miramax de la fin des années 90 jusqu'aux débuts des années 2000, Jay & Silent Bob reboot montrait déjà pas mal de limites.
Ici on sent après quelques minutes de films le côté réalisé avec 3 sous, entre le maquillage parfois dégueulasse, l'éclairage, des plans mal branlés, mais sur la seconde partie du film cela s'améliore. Il n'est pas impossible que la seconde partie ait été filmée en première par peur des limites budgétaires, mais peu importe l'histoire est là, et elle nous emmène là où on n'imaginerait pas qu'un film de Kevin Smith, surtout un Clerks nous emmènerait: une comédie dramatique.
Clerks III a de nombreux défauts mais pas celui de son authenticité, sauf celle des dents de Jason Mewes et on ne voit que ça, on retrouve toujours avec autant de plaisir la folle équipe du New Jersey vieillissante avec nous. On les quitte toujours avec un peu de baume au coeur, un brin de nostalgie et pleins de conneries dans la tête: et c'est ça qu'on est venu cherché !