Que reste-t-il à la jeunesse cloîtrée derrière le tiroir-caisse d'un autre ? Il lui reste la réécriture du monde de la fiction, ce que certains appellent la critique, ce que l'on pourrait plus largement appeler l'exploration (je tiens cette idée d'une critique que je viens de lire sur la BD Peter Pan de Loisel). Pensez bien que la problématique n'est pas celle du tiroir-caisse, mais plutôt celle d'être cloîtré derrière, et de ne se sentir ni la capacité ni les moyens de dire fuck à l'épicerie.
La couleur viendra du dialogue entre les deux personnages, et de leurs digressions comme autant d'arrogances contenues envers ce qui constitue leur univers commun.
Ils s'infiltrent dans les brèches d'interprétation de certaines œuvres cultes, c'est ainsi qu'ils s'inquiètent du sort des ouvriers sur l'étoile noire dans Le retour du Jedi :
https://www.youtube.com/watch?v=iQdDRrcAOjA
étrangement, le divertissement réside dans la tournure sérieuse qu'il prend. À tel point que l'on se demande si ce qui est dit n'importe pas moins pour le divertissement que le fait que ce soit dit avec tant d'application.
Quand les choses sont dites, le couvreur à la rescousse prend son paquet de chewing-gum, et s'envole vers d'autres toits. On pourrait s'imaginer quels genres de toits, à la lumière des quelques indices qui ont perlé de son intervention : le toit d'une maison d'architecte peut-être, avec des reliefs pointus et bizarres, ou le toit plat d'une maison de plain-pied.
Sous cet angle, les œuvres s'ouvrent et palpitent comme celle d'Umberto Eco :
Toute œuvre d'art alors même qu'elle est une forme achevée et close dans sa perfection d'organisme exactement calibré, est ouverte au moins en ce qu'elle peut être interprétée de différentes façons, sans que son irréductible singularité soit altérée. Jouir d'une œuvre d'art revient à en donner une interprétation, une exécution, à la faire revivre dans une perspective originale.
et c'est l'ouverture qui amuse, la manière dont on met en scène cette ouverture, dont on la surenchérit, ce qui est vraiment dit est le prétexte d'une situation de brainstorming, le fond appartient au monde impalpable des idées, le fond de sérieux est la matière qui échappera toujours, mais qui légitime les circonstances de la brèche, vers la perspective d'un comique de situation, le divertissement le plus primitif qui soit, qui s'imprime.
Flaubert lui-même écrivait à George Sand :
« Enfin, je tâche de bien penser pour bien écrire. Mais c'est bien écrire qui est mon but, je ne le cache pas. »
En dehors de mes critiques politiques, toujours explicites, c'est comme ces employés modèles que je voudrais vivre l'exploration des œuvres. Je cherche dans l'écriture de critique le divertissement du style, je l'avoue, et surtout le divertissement de la brèche dans l'interprétation, la recherche du singulier ou du bizarre, et de la blague, et je suis jaloux autant que satisfait des nombreux qui le font mieux que moi.