Je sais pas pourquoi j’ai lancé ça. J’en sais rien. Peut-être parce qu’il était quatre heures du matin et qu’il m’arrive souvent de faire des trucs un peu hors du commun à cette heure-là. J’ai pensé au gros chien rouge qui m’attend depuis un mois sur mon ordi, à cette chanson K-Pop qu’ils ont décidé de mettre par-dessus le trailer et aux effets CGI dégueulasses dont tout le monde s’est moqué dès qu’on a obtenu les premières images du film en ligne.
J’ai peu de souvenirs de Clifford. J’en ai déjà vu quelques épisodes, mais je mentirais si je commençais à raconter que c’était un dessin-animé que j’ai toujours adoré ou auquel j’ai prêté davantage attention qu’à d’autres. Clifford fait partie de ces trucs d’enfance auxquels j’ai pas pensé depuis très longtemps.
Clifford est un film « basique », sans grandes prétentions et dont j’ai absolument pas l’air d’être la cible première (ce qui est rassurant). Ça raconte l’histoire d’une gamine qui se fait bully par les petites mongoles de sa nouvelle école élitiste de New York. Sa mère se tire le temps de quelques jours pour question de boulot et la laisse à son oncle Casey, grand branleur de première qui dort à l’arrière d’un camion et qui se trouve être le stéréotype vivant du personnage de cartoon lambda dont chaque réplique semble être une vanne (pas très drôle). Bref, les deux rencontrent le petit (oui) chien rouge en allant à l’école… et ils se tirent sans l’adopter (parce que tu comprends Emily, ta mère est pas là et tu peux pas adopter un chien)… Première décision saine d’esprit qu’a Casey.
Sauf que la gosse rentre chez elle après une longue journée de cours… et qu’elle trouve le chien dans son sac. C’est à peu près là que ça commence à partir en cacahuètes. Parce que si le film suit la logique de la plupart des films du genre, il n’y a absolument aucun fil rouge. On a un grand clébard rouge qui se balade dans New-York, qui court et qui fout un peu le bordel partout où il passe… et c’est à peu près tout.
Sans trop vouloir cracher sur le boulot qui a été fait, j’ai l’impression que l’intrigue principale du film aurait pu tenir entièrement sur l’arrière d’un dessous de verre. On a une gosse, un chien géant, un oncle teubé, des voisins tous plus gentils les uns que les autres parce que « le monde il est beau et il est doux ». Ils ont décidé que l’antagoniste du film devrait être le patron d’une boîte qui cherche à vaincre la faim dans le monde via des expériences sur des animaux. Ils ont certainement vus en Clifford le potentiel de rendre des bêtes énormes pour pouvoir les bouffer… mais c’est honnêtement trop simple comme idée pour réellement faire sens. J’aurais à la limite préféré qu’ils soient poursuivis par des flics tout le long du film (c'est légal d'avoir une bête gigantesque, déjà ?), ou même par une association animale. Ça m’aurait semblé plus logique. On ne parlera pas non plus du manque de charisme du méchant. Y a eu aucun travail sur le sujet, je sais même pas s'il avait une styliste attitré tant il est sapé n'importe comment et ne dégage rien...
Niveau humour, ça se noie malgré quelques scènes qui prêtent à sourire (comme celle du thermomètre), mais rien de très original. On y voit toutes les vannes qu'on peut s'imaginer en pensant à un film avec un chien géant (le pipi, le caca, tout ça).
Le film est criblé de moments qui laissent le spectateur (s’il n’est pas trop naïf) dans des moments d’incompréhension qui le poussent à questionner ce qu’il regarde, à se demander si les personnages secondaires du film sont trop cons ou trop gentils. Je me suis même demandé si ça se passait pas dans une autre dimension. Peut-être que le second film (parce qu'un Clifford 2 est en production, oui) explorera l'idée du multiverse ?
T’as le personnage qui ne sourcille même pas à l’idée de les laisser squatter son appartement de luxe avec leur chien énorme alors qu’il a failli bouffer leur chien dix secondes plus tôt, t’as ceux qui proposent d’aider une gamine de douze ans à fuir sur le dos d’un chien énorme alors qu’ils sont poursuivis par police et vilains.
Le changement soudain de taille de Clifford n’est pas expliqué. Enfin, il l’est mais j’ai du mal à accepter l’idée que l’amour en soit la cause. Il a fallu d’une nuit pour qu’il devienne énorme… Il s’est jamais fait caresser, le clébard ? On l’a jamais gratté derrière l’oreille en lui disant « mais qu’il est beau le petit toutou… » ? Ça n’a pas tant d’importance, de toute façon. Pas mal des personnages du film semblent même se contrefoutre que le chien soit énorme (et ne réagissent même pas à la vue de celui-ci). Pareil pour sa couleur qui semble passer totalement inaperçue aux yeux de tout le monde.
Je sais absolument pas si les effets spéciaux ont été retravaillés depuis la première bande-annonce, mais ils m’ont parus moins gênants dans le film. Enfin, ça dépend surtout des scènes à l’écran. La séquence entière où Emily se balade dans New York sur le dos du chien fait grincer des dents tant c’est mal foutu. L’un des problèmes principaux avec les CGI, c’est qu’il y en a beaucoup trop et souvent pour pas grand-chose (pour du lait, du LAIT).
Les personnages n’ont aucune alchimie et nous empêchent de nous y attacher, ou même d’apprécier les quelques moments de complicité qu’ils peuvent avoir à l’écran puisqu’on ne les connait pas assez pour ça. Les acteurs jouent très mal ou ont été mal dirigés. Sans trop savoir où taper, j’ose remarquer que ça sonne très faux. L’accent américain de Jack Whitehall est infame. Pourquoi lui ?
La fin du film zappe complètement toute logique (comme le reste du film). Après avoir voulu le lui retirer tout le long, on décide de laisser finalement à la gamine son chien de quatre mètres parce que… c’est le sien, tout simplement. Il n’est pas méchant après tout, Clifford. C’est un danger pour personne… alors pourquoi est-ce qu’on laisserait pas sa propriétaire de douze ans le garder dans son minuscule appartement ? C’est con, ça n’a foutrement aucun sens… Sans les imaginer partir sur quelque chose de sombre ou de bien trop différent, j’aime penser qu’il y avait mieux à faire. Ils auraient pu le lui retirer, le mettre bien au chaud dans une réserve (comme il l’a été proposé au cours du film) où il pourrait vivre à son aise. Mais bon, ce serait surestimer le film qui a fait le pire placement du Cri Wilhelm de tous les temps (j'abuse certainement).
Mais peut-être que je me prends trop la tête, que je cherche trop de logique là où il n’y est pas censé en avoir… Ça reste un film pour enfants, et peut-être que le moi de six ans aurait adoré ce film. J’en sais rien.
C’est un film moyen aux intentions bienveillantes. C’est mignon tout plein, mais ça manque d’idées, c’est mal joué, c’est même pas un minimum drôle… Ça reste divertissant, mais c’est très bateau. J’ai envie de mettre ça sur le fait que ce soit un film destiné à des gosses, mais j’ai tout de même l’impression qu’ils auraient pu faire mieux s’ils avaient eu un meilleur scénario et de plus grandes idées.