Le film de Pierre Chenal n'a guère que le mérite de faire découvrir le fameux roman de Gabriel Chevallier à ceux qui ne l'ont pas lu. Je ne sais pas si les personnages du livre sont aussi épais dans la caricature que ceux de Chenal, mais aucun n'est drôle dans le film.
Déjà, tournée en studio, cette chronique villageoise perd tout authenticité; même l'inauguration de l'urinoir, contesté et édifié au milieu de la place, moment emblématique autant qu'accessoire de la comédie, est médiocrement mise en scène. L'édicule n'a que la fonction d'effaroucher les bigotes et d'inspirer au grand Saturnin Fabre un discours sans saveur...
Le réalisateur met en scène les figures pittoresques de la ruralité française et de la Troisième République à travers leur jovialité et leurs turpitudes: les piliers de bistrot contre les vieilles filles, les républicains contre le parti de la calotte, les cocus qui s'ignorent contre ceux qui s'en moquent. C'est un festival ce clichés, une profusion de personnages à peine ébauchés qui forment un comédie plus proche de la mauvaise farce que de la satire de moeurs.
Les notables de Clochemerle, curé, maire, instituteur, sont mal servis par des dialogues qui manquent franchement de causticité.