J'espère que je vais comprendre sans avoir vu les 8 premiers
Après le surf l’année passée, c’est au tour du snowboard de faire le sujet d’un téléfilm Disney Channel. Un sport cinégénique à ce point nécessitait un solide réalisateur à la barre. C’est donc le brave Paul Hoen qui a été appelé au poste, cinéaste clé dans l’entreprise Disney Channel et responsable de plusieurs films majeurs de la firme (Camp Rock 2 ou Bienvenue chez Trudy, pour ne pas les citer). Ce vil coquin retrouve son âme d’esthète et capture les joutes de snowboard avec une finesse rarement égalée, entre bon gros ralentis et plans GoPro en mode « caméra posée sur la planche», avouons-le ça le fait en tabarnak. Notons aussi que le budget est de mise pour les effets spéciaux. Je pense notamment au plan où notre héroïne traverse un panneau publicitaire en plein vol, digne de Birdemic ou à l’avalanche qui m’a rappelé avec bonheur les graphismes du premier Tomb Raider sur PC.
Cloud 9 nous raconte donc l’histoire de Kayla, fille à papa, petite princesse habituée à voir tous ses désirs exaucés, mais aussi championne féminine locale de snowboard, et petite amie du meilleur snowboarder de la région. On nous présente aussi Will, ancien prodige du snowboard donc la carrière a été abruptement interrompue lorsqu’il rata l’exécution d’une figure particulièrement virtuose, le fameux Cloud 9. Le spectateur amateur de DCOM ne restera pas dupe très longtemps et devinera assez facilement qui finira avec qui à la fin du film. Pour bien nous le faire comprendre, le personnage du petit ami est d’ailleurs vite décrit comme un parfait trou du cul, le genre qui laisse sa copine se crasher en luge toute seule, et la largue juste après parce qu’en fait elle n’est pas assez bonne au snowboard. A ce sujet, le film possède un twist hautement choquant que je m’abstiendrai de vous spoiler, ce serait dommage de se gâcher la surprise tout de même. Inutile d’énoncer une série d’archétypes dont on se doute bien qu’ils ne manquent pas à l’appel, tels les deux meilleurs amis du personnage masculin principal : le black chétif tendance geek et le gros un peu con, audacieux. Je me penche en revanche plus longuement sur les deux meilleures amies de Kayla, et plus particulièrement l’une des deux dont la particularité est de ne communiquer avec ses deux amies que par texto. Soit c’est une idée de running gag ultra-poussive complètement conne, soit c’est un discours subtil de la part de Paul Hoen sur la jeunesse actuelle et la manière dont la communication électronique remplace peu à peu l’interaction humaine. Je suis mitigé.
On a donc un personnage de blondasse friquée, étonnamment supportable d’ailleurs, qui se fait bien chier dessus pendant la première demi-heure du film, mais tout cela ne servira bien sûr qu’à la rendre plus forte. Parce que RIEN N’EST IMPOSSIBLE mes amis. C’est le message du film, répété une bonne trentaine de fois par notre héroïne pour bien s’insérer à coup de marteau-piqueur dans nos frêles cerveaux. Et bien sûr cette brave Kayla va se battre avec toute sa détermination pour atteindre le niveau de snowboard qu’elle espère, le tout à gros coup de montages (we need a montaaaaaaage). Et bien évidemment le film se finit par un gros concours au suspense hitchcockien qui va encore bien enfoncer le clou avec la subtilité d’une bifle bien claquante dans votre face. On apprend aussi que les pétasses filles à papa traitées comme des princesses peuvent aussi être malheureuses, et ça c’est une vérité qu’on n’énonce que trop peu !
Oserai-je omettre de mentionner la prodigieuse bande-son ? Déjà la musique est quasi omniprésente, je ne parle pas des petites mélodies plus ou moins discrètes qui viennent un peu surrapuyer les situations et qu’on retrouve dans toutes les productions du genre, non je parle bien de CHANSONS comme on les adore ! De la bonne grosse pop disneychanneléenne dopée aux bruits electro dégueulasses, et lorgnant même du côté de la dubstep dans les grands moments ! Je sais ce que je vais écouter en boucle dans le mois qui vient !
Ce cru 2014 est donc de qualité. Encore une fois, c’est une énième variation sur le film à concours avec bon gros message bien niais, avec tous nos personnages préférés (qui changent de nom et de visage entre les films mais je les reconnais malgré tout ces coquins !), une direction artistique qui tabasse de la mouffette, une bande son qui met Trent Reznor en PLS, … D’autant plus que le contexte neigeux aide à éviter le sentiment de redite et permet au film de rester… Rafraîchissant !
(je sors…)