Si les Wachowski ont fait parler d’eux ces dernières années, c’est bien plus par le changement de sexe de Larry (devenu Lana), faisant oublier que les frangins étaient les géniteurs d’un monument du cinéma de science-fiction appelé Matrix (même si leur réputation a fortement diminué avec le épileptique Speed Racer). Et pourtant, la première apparition de Lana Wachowski en public coïncide avec l’annonce de Cloud Atlas, adaptation de Cartographie des nuages de David Mitchell, que les frères/sœurs co-réalisent avec Tom Tykwer (Cours, Lola, cours et Le Parfum : histoire d’un meurtrier). Un retour en force des Wachowski ?
À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces-temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié.
Vous lisez le livre, le synopsis du film ou bien regarder la bande-annonce de ce dernier, Cloud Atlas semble être un enchevêtrement d’histoires sans aucun lien, devenant ainsi un véritable foutoir sans queue ni tête. Surtout si ces histoires sont racontées en parallèle ! De ce fait, nous passons d’une trame à une autre, sans réelle transition ni raison. Des liens entre elles ? Une tâche de naissance en forme de comète que possède un personnage de chaque histoire, un livre et une composition qui se faufile à travers les âges, l’histoire d’un personnage qui s’offre pendant un moment à un personnage d’une autre époque… Voilà ce qu’est Cloud Atlas à première vue ! Mais en s’y plongeant, le film se montre différemment à nous. Car Cloud Atlas n’est pas un film, mais 6 long-métrages ! 6 films de genres différents (historique, drame, policier, comédie british, science-fiction, anticipation, fantasy…), tous aussi palpitants et entraînants les uns que les autres. Et au final, voir chaque « chapitre » de ce Cloud Atlas en parallèle n’est pas si déroutant, tant les histoires arrivent à s’emboîter comme il faut (par exemple, une séquence d’action d’une histoire peut s’interrompre et se suivre avec une autre histoire, pourtant différente). Déroutant, j’en conviens, mais jamais « labyrinthique ». Sans compter que la plupart de ces histoires touchent de part bon nombres de sujet traités (l’esclavage, l’homosexualité, la vieillesse, le clonage, la vie future…).
Si vous voulez cherchez les liens entre les trames, c’est plutôt du côté des acteurs qu’il faut chercher. En effet, l’intégralité des comédiens jouent un ou plusieurs rôle(s) dans chacune d’elle (en tant que protagoniste principal ou bien secondaire). Ainsi, en un film, nous retrouvons Tom Hanks, Halle Berry, Jim Broadbent, Hugo Weaving, Jim Sturgess, Ben Whishaw, Doona Bae et Keith David. Et jouer des rôles différents leur permet d’arborer plusieurs registres en un seul long-métrage, montrant que tous sont de véritables acteurs (surtout Tom Hanks, qui avait bien besoin de cela depuis quelques temps, et Halle Berry, qui prouve qu’elle peut être une excellente actrice). Mais la véritable surprise de ce casting reste la présence, certes secondaire mais remarquable, de Susan Saradon et de Hugh Grant. Pourquoi remarquable ? Vous allez comprendre.
Cloud Atlas se présente également comme un véritable jeu de maquillage, chaque acteur s’étant laissé grimer par des tatouages, des peintures, des perruques, des favoris, du silicone, du latex et des cicatrices. Si Cloud Atlas ne vous intrigue pas, laissez vous séduire par une recherche des acteurs du film, de savoir qui joue tel rôle. Et s’il est facile d’en reconnaître quelques uns, notamment à cause du doublage français (Tom Hanks en tête, et Hugo Weaving, son faciès étant mémorable), certains d’entre eux sont méconnaissables. Et justement, il est étonnant de voir le nombre de rôles joués par Susan Sarandon et Hugh Grant tant on arrive à les reconnaître que trop rarement.
Ajouter à cela une musique plutôt jolie, une mise en scène réussie qui permet de donner des ambiances propres à chaque histoire, des décors en studio ou naturels superbes et des effets spéciaux dantesque (Néo Séoul digne de Blade Runner et de Minority Report couplés à Tron : l’Héritage), vous obtiendrez un film réussi. D’accord, le scénario en déroutera plus d’un ! Mais Cloud Atlas n’est pas un simple film. C’est un mariage entre plusieurs genres du cinéma et surtout un hymne aux histoires. Celles qui nous transportent dans des univers différents et qui depuis des siècles nous font soit rêver, soit cauchemarder. Mais surtout réfléchir sur notre condition quoiqu’il en soit !