Il y en a plus je vous le mets ?
Les mauvais films sont souvent rachetés par les critiques de bonne volonté avec l'argument suivant, imparable : "le film a une croyance absolue en le cinéma". Par ces quelques mots, vous pouvez faire accepter tous les mauvais acteurs, les intrigues soporifiques, les effets spéciaux grotesques, parce que C'est Du Cinéma, dieu auquel on sacrifie tout, scénario et réalisation inclus.
Cet argument m'a si souvent mis en colère que je suis désolé de devoir l'utiliser pour ce film.
Cloud Atlas a une intrigue immense, mais elle n'est certainement pas unifiée, sa morale adulescente est un peu gênante (fight the power mec/fille/?), le jeu de deviner qui est caché sous le masque parasite le film, et pourtant c'était formidable. C'était formidable parce qu'il y avait du cinéma, pour de vrai.L'intrigue globale est parfaitement fluide grâce à un montage impeccable, chaque univers a une identité bien signée, de sorte que chaque nouveau plan permet de savoir où/quand l'on est immédiatement. Même le jeu des maquillages, agaçant au début, devient ludique à mesure que le film avance. Etrangement, l'action n'est pas aussi lisible que dans Matrix ou aussi fluide que dans Speed Racer, mais ça reste très honorable.
Alors certes ce n'est pas le film parfait, certains esprits raisonnables ne relèveront que ses faiblesses, mais des expériences comme ça, il n'y en a même pas une fois par an. Quelques arguments pour la route, tarte à la crème des critiques défendant l'indéfendable : c'est un film qui OSE, il est immensément ambitieux, complètement en porte à faux avec la production standardisée, il faut donc le voir. Oui ce sont des arguments idiots, mais cette fois c'est vrai. Promis.