Cloud Atlas par Malossanne
Il est facile de séparer Cinéma d'Auteur et Cinéma d'exploitation. Du premier nous voyons des films complexes, exigeants avec le spectateur et surtout dit de qualité. Du deuxième, de simples films faciles d'accès (voir bêtifiant) servant juste à remplir les poches du commerce cinématographique. De mauvaise qualité donc. Mais la frontière est-elle si claire ? Un autre a priori se distingue également : le cinéma d'auteur propose des formes nouvelles de cinéma, le cinéma Mainstream non (voir jamais). Est-ce réellement la vérité ? Rien n'est simple. Si le cinéma d'Auteur à donné lieu à des formes diverses et excitantes, elle a donné aussi lieu à un cinéma qui n'a plus rien à proposé aux spectateurs. Juste une volonté d'impressionner. De montrer qu'il y a un auteur derrière le film. Mais c'est surtout de nouveaux clichés qui apparaissent (souvent liés à l'introspection d'un cinéaste) permettant à ces films d'être facilement caricaturés. La fameuse singularité devient une idylle. Proposer de nouvelles formes de narrations et de formes n'est plus une priorité. Un cinéma qui voudrait surprendre mais qui ne peut y arriver.
Les Wachowski représentent une espèce rare dans le système Hollywoodien. Pas très original comme propos certes. Toutefois, ce type de réalisateurs mérite qu'on s'y intéresse.
Cloud Atlas est un film commercial d'auteur. Un film mutant. Ce dont le cinéma à le plus besoin sûrement. Car si le cinéma d'auteur ne peut plus réellement surprendre, c'est que sa fonction est justement d'expérimenter et de secouer les bases établies. Alors qu'expérimenter au sein même du système le plus rigide et mercantile ! De quoi donner envie à un cinéphile endurci de croire au cinéma Hollywoodien actuel.
Si les Wachowski ne propose pas à proprement parler une structure originale (empruntant au Intolerance de Griffith son montage et ses histoires se répondant malgré leurs différence), l'ambition est là. C'est elle qui fait figure d'absent à de nombreux films quel qu'ils soient. Car Cloud Atlas avec son pari fait un bien fou au cinéma. Impressionnant sans jamais prendre son spectateur de haut. Exigeant mais partageant une expérience concluante. Si un film pouvait avoir un jumeau ce serait Holy Motors. Comparaison facile les deux partageant le goût pour ses acteurs transformiste. Mais un autre point les réunis et pas des moindres : les films revisitent les genres. Hollywoodien pour l'un Auteur Français pour l'autre. Preuve que la nouveauté dans le cinéma vient avec la revisite des genres déjà existant... Mais contrairement à la solitude Spleenétique du Carax, le Wachowski montre un envie, une gourmandise et une joie cinématographique. Cette aura invisible et indéfinissable est la qualité de grands films sortis ces derniers temps. Elle s'oppose à ces films cynique avec ses spectateurs convaincus d'être eux même des chef d’œuvres (pour ne pas les citer The Master de P.T. Anderson et Amour de Michael Haneke). Mais surtout la grande différence tient du fait que Cloud Atlas est un film né au sein d'Hollywood. Holy Motors surprend, mais il ne le fait pas autant qu'un film expérimental né dans cette économie. C'est peut être ça la solution. Travailler pour le système pour ensuite le modifier de l'intérieur et y trouver sa liberté. Une chose impossible pense t-on. Avec les films des Wachowski, la solution semble plausible.