DES films pour UNE histoire et DES histoires pour UN film : la vie quoi.
Première visualisation, première impression : une impression de légèreté et d'optimisme se dégage de ce film pourtant dense, parfois drôle et parfois très sombre. Une musique remarquable, composée pour le film et digne des plus grandes OST comme Gladiator, Requiem for a dream, ou the Fountain, nourrit les émotions d'une histoire qui se vit mais qui ne peut pas s’interpréter comme on tenterait de comprendre les autres films. Ce n'est justement pas un film, c'est un peu une mélodie avec ses emballements, ses subtilités, ses pauses et apothéoses. C'est une œuvre au sens propre, la retranscription et l'expression d'une émotion, d'une pensée, d'une philosophie. C'est comme une expo photo, une pièce de théâtre, un morceau de musique, une sculpture, une peinture... Mais dans un autre format : le cinéma. La partition est incompréhensible pour la plupart ; c'est pour ça qu'elle ne doit pas se lire, il faut juste se laisser porter. Je termine la première visualisation de ce film en me disant que j'avais vu un grand film, un film qui donne envie de refaire le monde, un film qui libère, mais sans pouvoir me rappeler la cohérence exacte de l'histoire qui m'a captivé.
Visualisations suivantes : c'est maintenant que la partition devient claire. Rien n'est laissé au hasard, ça part dans tous les sens et c'est logique. C'est comme la vie en fait ; on y comprend rien, on fait ce qu'on peut, et souvent, on reste ébahis, quand on se retourne, de comprendre le chemin qui a été parcouru et comment la chaîne d'évènements nous a conduit là. Le film est truffé de signes, l'esthétique cache dans les nuages des cartes du monde, chaque scène trouve son écho dans une autre, chaque choc se répète, chaque problème se règle ou s'amplifie : la peur d'être aimé, d'aimer, la volonté de faire mieux que son père et le lâcher-prise, le désir de manger l'autre, de le dominer et la mort logique qui en découle, la vénalité et la solitude, la liberté et l'asservissement, le rejet de ceux des idéalistes qui bâtiront le monde de demain. Le rêve est en apologie ici, le moteur de l'histoire et le visage de l'avenir ; les cauchemars aussi.
C'est un combat contre soi, avec soi, contre certains, avec les autres, dans plusieurs vies. C'est un film qui donne envie de n'être que ce que l'on est, de n'agir qu'en fonction de ses rêves, mais agir au moins, et de ne jamais cesser de s'améliorer.
Je pense qu'il s'agit du film le plus abouti et le plus travaillé qu'il m'ait été donné de voir. Au box office, il n'a pas eu le succès escompté par les businessmen qui ont fait péter le porte feuille... et tant mieux ! C'est une œuvre qui, j'en suis certain, trouvera la postérité avec le temps.
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