Tout au long du visionnage de Clown se diffuse une ambiance poisseuse et malsaine qui jamais ne faiblit, emportant le spectateur dans la lente descente aux Enfers de son personnage principal. L’originalité du film réside dans son choix d’un récit d’apprentissage – si l’on peut dire – que costume, nez rouge et maquillage entament avant de transformer leur hôte en monstre assoiffé de sang. Versant sombre et gore de Ça, Clown cultive l’effroi parce qu’il laisse l’horreur surgir à l’écran sans recourir aux artifices d’un montage haché et bénéficie d’effets visuels de qualité, notamment en ce qui concerne ce démon clownesque. On pourra toutefois regretter l’appauvrissement thématique du clown réduit ici à une simple bête maléfique se repaissant d’enfants ; son inscription dans une mythologie nordique évacue en partie ses caractéristiques circassiennes et perd la valeur cauchemardesque qui aurait réveillé en nous des peurs profondément enfouies. Clown développe l’horreur que Ça contenait mais écarte son approche enfantine de la terreur. Croiser les deux donnerait, à coup sûr, un chef-d’œuvre. Reste ici un film efficace et somme toute effrayant.