Sylvester Stallone dans le rôle de l'inspecteur Harry
J'ai toujours trouvé l'affiche de Cobra très moche. Je n'aime pas sa simplicité qui frôle la suffisance, avec juste Stallone armé d'un flingue. Et il ne s'agit pas d'un Stallone en photo, mais un Stallone peint, dont même la sueur qui suinte de ses pores est représentée. Et il y a quelque chose dans le mélange des couleurs qui a un effet nauséeux sur moi.
Je ne pourrais expliquer plus en détail ce qui cloche avec cette affiche, mais en tout cas, à elle seule, elle m'a longtemps repoussé loin de ce film. (cette affiche-ci est 100 fois mieux : http://stallonezone.com/imgs/news/2012/dec/120212moreno_cobra.png)
Mais il a fallu que je me rende à l'évidence : Cobra est, après Rambo et Rocky, considéré comme une des œuvres phares de Stallone, alors j'espérais un bon petit film d'action dans l'esprit des 80's, même si les notes qui lui sont attribuées ne sont pas glorieuses.
Je me suis forcé à voir Cobra, donc.
Sylvester Stallone joue Marion Cobretti, appelé par tous "Cobra". Il y a une prise d’otage, 50 flics encerclent le bâtiment, mais ça ne suffit pas. "Call the Cobra", dit l’un des policiers. Eh bah dis donc, ça doit pas être n’importe qui !
Cobra, c’est la version musclée de Dirty Harry, en plus jeune et plus désinvolte également.
Le scénario du film est de Stallone, et il est clair qu’il a façonné le personnage principal dans le but de se mettre en valeur : un psychopathe menace de tuer les clients d’un supermarché, mais Cobra joue avec lui, le provoque et, évidemment, l’élimine sans aucun dommage collatéral.
Le caractère de dur à cuire du personnage est en plus souligné par des punchlines nombreuses, dont la fréquence fait qu'elles semblent assez forcées. Dans la première séquence, chaque phrase de Cobra est une de ces phrases qui tuent, à laquelle il a sûrement longuement réfléchi, en préparation d’une confrontation.
Un reporter l’accuse de faire preuve de justice expéditive, de ne pas respecter les droits des criminels qui sont, eux aussi, des hommes. En guise de réponse, Cobra le prend par le col et le met face au cadavre d’un innocent.
Rien dans le film ne vient remettre en question le héros ; la fille qu’il devra protéger plus tard au contraire le conforte dans sa position, en se demandant pourquoi on n’enferme pas juste tous ces sauvages en liberté. Cobra lui explique le système judiciaire américain de façon on ne peut plus réductrice : les gens comme lui enferment les méchants, et les juges les libèrent !
Si la radicalité de Dirty Harry me faisait marrer, ici cette morale douteuse me dérange un peu, d’autant plus qu’on ne sait pas s’il faut la prendre au premier degré ou non.
Le pire est le propos que tient le héros dans l’affrontement final, où il assume complètement son idéologie fasciste.
J’ai été au départ agacé que Cobra puisse tout se permettre en restant "impuni", mais je dois avouer qu’il est drôle rien que de voir comment il s’occupe de types qui le font chier, dans la vie de tous les jours.
Comme dans Dirty Harry, un serial killer menace la ville ; celui-là, le Night slasher, est imprévisible puisque ses victimes sont toutes très différentes.
La scène d’ouverture, avec ces gros plans sur une arme à feu et cette voix-off qui lâche des statistiques sur les crimes aux USA, fait quant à elle penser à Magnum force, toujours avec le personnage d’Harry Callahan.
Et tout d’un coup, en cours de film, je me suis rendu compte qu’un des policiers dans Cobra est joué par le tueur dans Dirty Harry ! Et j’ai découvert après consultation de la fiche IMDB que le coéquipier du héros est joué par la même personne qui incarnait le coéquipier d’Harry !
Ca ne peut être un hasard. Schwarzenegger n’a jamais caché l’influence d’Harry Callahan, disant même que le personnage a influencé son jeu, mais il semblerait que Stallone aussi ait été fortement, disons, "inspiré" par le personnage de Clint Eastwood.
On retrouve également dans Cobra une ambiance similaire, une ambiance comme on n’en voit malheureusement plus, celle d’un polar américain, avec une ville crasseuse, des scènes de déambulations nocturnes accompagnées de musiques mélancoliques, ...
Alors que dans les 80’s, on s’attendrait à ce que Stallone s’en soit tenu au pur film d’action, surtout après les deux premiers épisodes de Rambo, Cobra s’avère ressembler d’avantage à un polar/thriller des 70’s… avec même des aspects de slasher par moments !
Il y a des éléments de films d’action, certes, mais les scènes de fusillades sont filmées et montées de façon un peu chaotique, et lors des poursuites en voiture, on a du mal à situer les véhicules et on a l’impression qu’il y a des ellipses sans cesse tant les décors changent rapidement.
Le réalisateur (dont le film le plus connu reste Rambo II) essaye toutefois de mettre sa patte avec une forte dose d’esthétisation, du moins pendant le générique de début. Mais il s’agit d’une esthétique irrémédiablement marquée par les 80’s. Gros plan sur un flingue, héros qui chevauche sa moto en contrejour devant un ciel qu’un filtre rend rouge vif, ... ; l’ambiance visuelle dans l’antre des méchants, avec ses plans débullés et ses silhouettes découpées par de grands faisceaux de lumières, fait penser à un vidéo clip comme celui de "Self control" de Laura Branigan (chanson excellente, écoutez la).
Le montage fait très daté aussi, avec cette façon de couper le plan après que chaque coup de feu ait fait sauter quelque chose, dans la séquence du supermarché, ou ce surdécoupage au moment où le méchant tire sur un otage ; c’est assez étrange et déstabilisant.
Mais autrement, j’adore en général le kitsch des années 80, alors autant dire que la séance de mannequinat de Brigitte Nielsen avec sa coupe à la Mötley crüe, où elle pose avec des robots, sur la chanson "Angel of the city", c’est du bonheur.
En écrivant ces lignes, je me suis rendu compte que le film comportait pas mal de défauts, mais je l’ai néanmoins beaucoup apprécié. Je n’en attendais pas grand-chose, et j’ai été très agréablement surpris par cette œuvre hybride, ancrée dans les années 80, mais qui cherche à être un polar des 70’s, avec cette ambiance si particulière qui m'a bien plu.
Ca m’a donné envie de voir plus de films dans la même veine. Ah et de boire du Pepsi aussi, oui car ce film ne cesse de faire de la promo pour Pepsi.