Cerdita le court, ne se concentre que sur le harcèlement à la piscine de Piggy qui amènera rapidement la résolution. Exit les scènes familiales ou les enlèvements mais toutes les idées à venir du métrage prennent déjà place avec une franche efficacité en seulement 14 minutes. Le regard dans le miroir et la perplexité face à l'obésité, le décor ensoleillé et bucolique en porte-à-faux du drame, les jeunes harceleurs et le tueur inconnu. La piscine semble ici abandonnée, seul refuge pour une jeune fille qui doit se cacher du regard des autres. Piggy, sourire aux lèvres et réconfortée d'y être seule, sera surprise par un nageur, témoin de la scène de moqueries et d'insultes de trois adolescentes sur-excitées. Prise à partie ensuite par une bande de garçons, forçant la maltraitance en la touchant, elle prendra un chemin forestier pour se cacher des regards. Si dans le film l'étrange inconnu est jeune et beau, fantasme des émois d'une jeune fille en demande, là, c'est un homme d'âge mûr, pas vraiment séduisant mais tout aussi inquiétant par son mutisme qui semble occupé à autre chose qu'à être sous le charme de Piggy et de ses rondeurs. L'homme assassiné dans le fond de la piscine nous permet de vérifier sa qualité de tueur en série, faisant d'une pierre deux coups en venant en aide à Piggy. Plus tard, il arrête sa camionnette, objet de tant de métrage horrifique par l'imagerie délétère qu'il convoque, pour permettre à Piggy de voir ce qui se cache à l'arrière. Il lui rend ses affaires et attend la réaction de la jeune fille devant la solution apportée à régler son problème.
Le choix de l'homme sur sa victime est d'autant plus jubilatoire, qu'il s'agit de la jeune fille plus amicale envers Piggy, qui intervient mollement avant de l'abandonner définitivement à ses bourreaux tout en y participant activement par la suite en lui volant ses vêtements et renforce la portée de la réponse. Les courtes scènes sont redoutables et renvoient à la gratuité des actes, à la bêtise et à l'émulation, tout comme les garçons filmant de leurs portables le corps de Piggy. En peu de temps Carlota Pereda pointe l'intensité de sa solitude et son stress face aux rencontres malveillantes et démontre les effets rebonds pour une victime qui n'en demandait pas tant avant d'y voir toute son efficacité salvatrice.
La jeune fille fera alors un geste timide de la main en direction de l'homme, prendra son téléphone, le coupera, pour finalement rentrer chez elle sans rien dire de cet interlude dérangeant, musique au casque, visage soudainement rasséréné et toute morale balayée. Par sa résolution radicale, Pereda réussit là où elle échoue dans son long métrage. L'absence d'empathie renforce la portée de l'exercice et évite ainsi le happy-end en convoquant plutôt une sorte de revenge movie implacable et opportuniste.
Un brûlant sujet d'actualité et comme un flou ambiant à savoir quelles solutions existent réellement à la violence psychologique.
Le seul regret est le jeu de Laura Gàlan, poussive dans ses expressions et à laquelle comme dans son film, la cinéaste donne toute la place, forçant un peu le trait par la longueur de ses prises. On se rattrape sur le long métrage.