Coco
7.7
Coco

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina (2017)

Je précise que cette critique contient des spoilers.


N’ayant vu aucun trailer (juste les affiches et le premier teaser), je ne connaissais pratiquement rien du film. Bien m’en a pris, puisque ce fut une totale découverte pour moi et quelle claque.


Coco était le seul projet original des Studios Pixar, coincé entre 4 suites (pas des moindres mais quand même), on s’interrogeait alors sur la santé du studio : « Ont-ils perdu leur recette ? » , « N’ont-ils plus d’idée ?? » ou encore le « ça y est ils ne font que des suites commerciales ». Eh bien je pense que ce film fera taire pas mal de bouches. Puisque Lee Unkrich et Adrian Molina nous signe un des merveilleux films du studio et surement le meilleur film d’animation de cette année.


Lee Unkrich est un peu le « monsieur touche à tout » des studios Pixar. Il devient monteur sur Toy Story en 1995, puis sur 1001 Pattes en 1998, sur lequel il assure également certaines voix additionnelles. Co-réalisateur et monteur sur Toy Story 2 en 1999, il co-réalise Monstres & Cie en 2001 puis, deux ans plus tard, co-réalise (à nouveau) avec Andrew Stanton, Le Monde de Nemo. L'année 2010 représente, pour Lee Unkrich, un tournant important dans sa carrière, puisqu'il est nommé, seul, à la tête de la réalisation de Toy Story 3. Encensé par la critique et le public, l'opus est un des plus gros succès du studio. L’idée du film est venue à Lee Unkrich lors de sa visite au pavillon mexicain de l’Epcon Center de Disney World juste après la sortie de Toy Story 3. (Tu devrais en faire plus souvent des visites à Disney World Lee ????). Puis il est rejoint sur ce projet par un jeune américain d’origine mexicaine : Adrian Molina qui a travaillé en tant qu’animateur 2D sur Ratatouille ainsi qu’en tant que storyboarder sur Toy Story 3. Il devient scénariste avant d’assister Lee Unkrich à la réalisation.


Recentrons-nous sur le film maintenant, c’est un véritable petit bijou que nous livre les Studios Pixar, une ode à la culture et au folklore mexicain. L’histoire est plutôt classique : Miguel est accidentellement envoyé au Royaume des Morts durant El Dia de Los Muertos et doit revenir impérativement chez lui sinon il disparaît.


L’introduction ici faite en 2D (qui a dit que les Pixar ne savaient pas faire d’animation 2D ?) pose les bases de l’histoire et nous apprend pourquoi la famille de Miguel méprise tant la musique et faisant apparaitre du même coup Miguel comme étant incompris et « différent ». C’est ce qui amène donc son passage au Royaume des Morts et son long périple pour rentrer chez lui. Mais à travers ce périple on découvre le Royaume des Morts qui brille de par sa conception artistique et son originalité : le côté administration est efficace, les transports qui sont des sortes de bus volants. La scène où on découvre la ville de Santa Cecilia (en même temps que Miguel) est magnifique et époustouflante de justesse (sans conteste l’une des meilleures scènes du films !). On arrive clairement à voir l’immensité des décors. C’est durant son passage à l’administration que Miguel fait la connaissance d’Hector, qui a priori à tout du marginal. Et c’est alors que ce qui devait être un court voyage se transforme en véritable voyage initiatique. Le début du film nous aide à comprendre que Miguel est comme victime d’une injustice (il ne peut pas jouer de la musique alors qu’il en a envie), de ce fait on commence à s’émouvoir de son sort pour s’attacher à lui et c’est donc tout volontiers qu’on l’accompagne dans son voyage initiatique parce qu’on a envie qu’il réussisse. Je disais donc qu’il fait la connaissance d’Hector, qui a première vue fait penser à un étrange type assez décalé (se déguiser en Frida Kahlo x)) et qui accepte d’aider Miguel pour que ce dernier à son retour mette sa photo sur l’autel personnel de la famille de Miguel pour que ce dernier puisse continuer à le célébrer et de ce fait à penser à lui et donc ne pas disparaître. Car on découvre en même temps que Miguel qu’une fois que plus personne ne pense à elle, la personne disparaît du royaume des morts définitivement. Cela permet en plus à l’intrigue de développer une intrigue secondaire des plus intéressante. D’ailleurs la relation Miguel-Hector est un des points forts du film, tant elle apparaît authentique et crédible. Puisque je suis dans les personnages je vais parler de l’antagoniste du film (j’ai d’ailleurs longtemps pensé que le seul antagoniste de Miguel serait le temps), eh bien là encore l’antagoniste est dans l’ombre et on le découvre plutôt tard (c’est un peu le même procédé que dans Là-Haut puisque Ernesto de la Cruz est présenté dans l’introduction du film, et ensuite adulé par le protagoniste pour ensuite tomber de son piédestal). Je dois dire qu’au début curieusement je ne m’y attendais pas du tout, je pensais qu’Hector allait lui jouer un mauvais tour eh bien non et au fil de l’intrigue on le comprend de mieux en mieux (notamment avec le fameux flashback qui montre comment tout a basculé). Ernesto de la Cruz est finalement un bon antagoniste (pas le meilleur de chez Pixar), mais rempli bien son rôle, c’est incroyable comment ses expressions changent lorsqu’il fait ami-ami avec Miguel puis quand on découvre la vérité. Par contre lorsqu’il est mis à jour, on est plutôt dans la même veine que Monstres et Cie où M. Waternoose est enregistré à son insu… Bref vous croisez Charles Muntz et M.Waternoose et ça vous donne Ernesto de la Cruz.


Le visuel, maintenant, que dire si ce n’est que j’en ai encore des étoiles dans les yeux, le niveau de détail est surréaliste : la TV qu’on voit dans les yeux de Miguel, les rides de Mama Coco, les magnifiques décors ou encore la gestuelle et le chara-design des squelettes qui illustrent à merveille le caractère festif du Dia de los Muertos. Fallait pas se rater sur leurs designs. Même le design de Miguel j’aime beaucoup, un grain de beauté (le premier pour un personnage majeur Pixar il me semble), ses expressions, ses yeux, et le niveau de détail des cheveux est tout aussi impressionnant (là-aussi on sent les progrès !), il a même les oreilles un peu décalées aussi, c’est bien les personnages humains deviennent de plus en plus travaillés et complexes. Et dans le monde des morts j’ai adoré comment Hector l’a maquillé, il est tellement stylé avec sa capuche rouge. Mon gros coup de cœur visuel, après le Royaume des Morts c’est Pépita et les autres Alebrije, qui brillent littéralement de mille couleurs. L’humour du film plutôt bien écrit, il n’y en a pas tout le temps mais quand il y en a ça fait souvent mouche sur moi (quand sa Mama le force à prendre des tacos au début du film ou encore le « J’ai hâte que tu meures ! » d’Ernesto à Miguel ou plus simplement les scènes avec Dante).


Cependant la principale force du film réside dans son émotion qui monte crescendo tout au long du film pour arriver à la fin à un véritable torrent qui déferle tout sur son passage. Je dirais avant tout que cette émotion est rendue possible par le réalisme du film : il vient d’une famille de cordonnier qui ne le comprend pas, ici ça dépeint des relations familiales complexes et pas uniforme, sans compter que son abuelita est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Bref tout est fait pour que son histoire semble rappeler la nôtre d’une certaine façon en n’ayant pas peur d’évoquer des thèmes « adultes ». Au final le film qui évoque la mort ne livre pas ici un film froid mais tout au contraire un film « chaud » de par son univers et ses couleurs et arrive à délivrer de belle morale : sur l’importance de la famille et de ne pas oublier les défunts.


Passons maintenant à un élément qui est essentiel dans ce film, la musique ! Michael Giacchino se sublime et nous livre une belle partition en parfaite adéquation avec l’univers du film. Il s’est bien rattrapé de son travail sur Vice-Versa. Il faudrait que je réécoute sa BO pour dire quelles sont les musiques qui sortent du lot. Par contre les chansons chantées sont juste excellentissimes, à commencer par « Ne m’oublie pas » (surtout la version qu’Hector chante à sa fille), mais aussi « Un Poco Loco » (j’adore) et le très entraînant : « Le Monde es Mi Familia » (interrompu par la chute de Miguel). Il ne faut pas oublier non plus « Corazón » qui est ma préférée. Ne pas oublier de rendre hommage au couple Lopez pour la chanson « Ne m’oublie pas » (déjà récompensé pour leur travail sur La Reine des Neiges) mais aussi à Germaine Franco qui a composé toutes les autres, et aussi… Adrian Molina, le co-réalisateur du film qui a écrit les paroles des chansons (ce n’est pas rien quand même). Donc un grand BRAVO à eux !
Le doublage français des chansons et même du film dans son ensemble est très réussi (ça devient une tradition pour les Pixar) , même Andrea Santamaria qui interprète Miguel malgré son jeune âge délivre une superbe partition. Et Ary Abittan est lui aussi crédible dans le personnage d’Hector.


Vous l’aurez compris, je ne vois pas de défauts à ce film, même le titre a une signification particulière (pour une fois).
Nul doute qu’il devrait recevoir l’Oscar du meilleur film d’animation et être promis à un bel avenir. Ce film permet aussi à Lee Unkrich de prouver que le succès de Toy Story 3 n’était pas juste dû à la popularité des personnages et au hasard et rentre définitivement dans la cour des Grands avec ce merveilleux film.
Que vous soyez aussi jeune que la petite sœur de Miguel ou aussi âgé que l’abuelita de Miguel, ce film sera vous faire passer du rire aux larmes et vous émerveillez tant il rend un vibrant hommage à la culture mexicaine.


                                            **Gracias Coco.**
Oromis
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le 26 nov. 2017

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Oromis

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