A l’université d’Ibadan, la plus ancienne du Nigeria, un groupe d’étudiants organise le "Thursday Film Series", un ciné-club, transformant le petit amphithéâtre en une agora politique…
Le réalisateur Alain Kassanda met en lumière le regard critique de la nouvelle génération face à l’inaction de la société nigérienne en posant sa caméra au sein du ciné-club qu’il à cocréé lorsqu’il est arrivé à l’université. On y découvre un “space safe” où la parole est libre (et notamment où le sexisme et l’homophobie sont sont combattus, alors même que la société nigériane est fortement patriarcale et que l’homosexualité est condamnée par la loi).
« On nous appelle la génération smartphone, des jeunes paresseux, irresponsables, sans emploi, la tête dure et creuse comme une noix de coco. »
On découvre les différentes étapes préparatoires au sein du ciné-club, le choix des prochaines thématiques qui permettront ensuite de choisir les films qui seront projetés, jusqu’à l’animation du débat ayant lieu après la projection. C’est extrêmement enrichissant de voir ces jeunes étudiants s’investir autant, pas seulement ceux qui l’organisent mais celles et ceux qui viennent assister à ces projections et participent aux débats. Les sujets évoqués sont tous aussi divers et variés, cela va de l’accès au travail pour les jeunes diplômés en passant par le gouvernement actuellement en place et son incapacité à améliorer la situation du pays, en passant par les violences policières (à travers le mouvement "End SARS"), le féminisme, le patriarcat, la colonisation, la défaillance du système éducatif ou encore le pillage des biens culturels et leur restitution.
Coconut Head Generation (2024) donne à voir un lieu de rassemblement et de discussion, une agora politique faite de débats et de réflexions où l’on aiguise son regard critique. C’est passionnant.
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