Révélé par son court-métrage « Alles wird gut » (Everything Will Be Okay), le réalisateur allemand Patrick Vollrath décolle enfin et nous saisit dans un long-métrage claustrophobique. De la même façon que son œuvre à succès, il cherche essentiellement à nous confronter aux émotions des personnages, certains plein d’ambiguïtés. Son choix consiste alors à nous confiner dans un cockpit qui subira des assauts et de cette façon, l’intrigue file sans se retourner. La subtilité de ce projet réside toutefois dans un sentiment d’authenticité. Le confort de la mise en scène devient l’inconfort des protagonistes, mais le film se situe à mi-parcours d’un « United 93 » et d’un « Captain Phillips », sans oublier un soupçon de « The Guilty ». Oui, il y a de l’ambition, mais elle rencontre rapidement des obstacles.
Le code 7500 est une éventualité et une réalité. Son existence mobilise ainsi toutes les forces possibles afin de lutter contre tout pirate de l’air. Mais l’objectif du réalisateur, c’est d’investir le cockpit de bout en bout et d’en établir une architecture simple et cohérente dans les déplacements. Joseph Gordon-Levitt, qui a longtemps fuit les premiers rôles, revient justement aux commandes de ce drame qui affecte le personnage qu’il incarne. Ainsi, le copilote Tobias Ellis fait face à la rage de dissidents, qui sont prêts à tout pour arriver à leur fin. Mais cette fureur n’est que générique dans un scénario tout aussi linéaire. Les rebondissements catalysent pourtant notre intérêt ou ne font office que de transitions. Il s’agit du compromis de Vollrath afin de mieux huiler la mécanique de sa mise en scène. Elle reste poignante dans la mesure où l’intrigue avance à « vitesse réelle ». Le sentiment de confinement nous oppresse, tout en réévaluant les enjeux d’un nouvel obstacle.
Le cockpit finit même par rétrécir dans l’esprit à force de jouer sur des cadres serrés et une luminosité décroissante. De la même manière, on perd de la visibilité sur une seconde partie limitée. Les efforts de l’acteur vedette ne suffisent pas à porter tout le poids de ses dilemmes. Les décisions sont pourtant humaines et certaines facilités d’écritures ne sont que des arguments en faveurs de son combat personnel. Bien évidemment, Tobias sort souvent du rang, zappe la plupart des protocoles qui ne facilitent pas sa chute émotionnelle. Le contrôle illustre sans doute cette responsabilité que l’on cherche désespérément à retrouver, du moins, une fois que l’on touche le fond. Et le segment maladroit du récit réside bien dans la description d’un terroriste hésitant, comme si l’on jugeait l’acte incompris par même ceux qui le revendique. Sur ce point, on ne prend pas assez le sujet au sérieux pour que le public y croit.
Les passerelles et mince entre le cockpit et l’équipage. S’il fallait y découvrir un symbole, ce serait celui d’une société incapable de coexister et qui ne peut communiquer sans violence et représailles. Personne n’est parfait, tout le monde est humain. Mais le sens des responsabilités contredit certains choix, bien qu’elles soient cohérentes sur le moment. Mais une fois encore, la chorégraphie est trop visible pour qu’on passe à côté. Mais après tout, « 7500 » ne revendique pas grand-chose, si ce n’est l’expérience vertigineuse de cet assaut, laissant seul un pilote désarmé, à la fois mentalement et physiquement, et pourtant solide jusqu’au bout du voyage.