Annoncé en début d'année, sorti en espagne lors de la deuxième date posée pour le toujours-sans-nouvelle-depuis Operation Fortune, que vaut le dernier film d'espionnage hispanique ?
L'Homme aux mille visages peinait à convaincre, bien que formellement bon. Codigo Emperador est une belle et franche réussite.
S'il est un rien longuet, s'il fait un brin téléfilm, c'est un excellent film d'espionnage espagnol dont le fond, quoique traité plus sérieusement, suit la veine du dernier OSS117: le héros loyal vis à vis d'un gouvernement cynique est-il toujours un héros ?
Une enquête aux sommets politiques qui révèleque l'espionné, bien qu'à la marge de la moralité, bien que menteur, est souvent un moindre mal comparé à l'espion.
Une enquête qui gagne en nuances par rapport à bien des films, montrant la part grise de l'ensemble de ses personnages: personne n'est ce qu'on croit qu'il est et ce, dès le début in media res.
Une enquête qui joue avec la thématique woke dans l'air en dénonçant autant les violences faites aux femmes que l'utilisation qu'on peut en faire contre elles, par elles, pour elles. Mais avec une subtilité et un juste milieu qui ne fait pas polémique et décrasse les yeux partisans.
Mais un film aux allures de téléfilm policier allemand d'Arté qui ne s'adesse, malgré sa direction nerveuse, pas à un public avide de film qui bougent, spielbergiens, frappe-mirettes. Un paradoxe: un blockbuster sous forme de téléfilm.
Une belle proposition cinématographique dans une année plutôt terne pour le cinéma d'espionnage.