Sur la forme : un polar à la fois sombre et lumineux, sérieux et drôle, bavard et discret. Si la trame ne surprend en rien le spectateur, car ici on préfère privilégier les personnages qui vont du ténébreux tueur méthodique incarné par un (toujours) talentueux Brad Pitt, à un jeune gangster pas sûr de lui en passant par un avocat crapuleux mais soucieux de respecter le choix de ses clients, elle cache quelque chose de bien plus intéressant : une critique acerbe des Etats-Unis d'Amérique.

Cela surprend quand on s'attend à un simple film de mafia où c'est les douilles qui font la loi mais en fait, les coups de feu sont plutôt rares, toujours justifiés et toujours percutants. La trame est sacrifiée au profit de l'esthétisme aussi par exemple (comme Drive, claque magistrale de l'année précédente), on admire certaine scène (la mort d'un personnage est particulièrement soignée, même si les effets spéciaux ne sont pas hallucinants voire un peu grossier par moment, mais bon, cela n'enlève rien) et on retient son souffle sur d'autre (le braquage du début). On pense aussi à Tarantino, un peu, dans ce film de gangster largement saupoudré d'humour noir et d'ironie qui n'hésite à pas à utiliser un personnage atypique, hors-norme ou des discussion hallucinées telle que celle autour du fait, qu'en prison, il vaut mieux choisir un vieux gars propre comme compagnon... de jeu.

Au final, la simplicité de la trame ne doit pas vous faire oublier ce message politique, acerbe émaillé tout du long et qui trouve son paroxysme dans le final du film. Pour autant, Killing Them Softly (En France, on se sent obligé de rajouter le nom du personnage de Pitt devant, alors que je crois qu'on son nom n'est pas cité du film) n'oublie pas d'être un excellent polar, toujours sur le fil et qui met sur le devant de la scène ses personnages ainsi qu'une esthétique très travaillée et plaisante à l'oeil.
Ordos
8
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le 7 déc. 2012

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Ordos

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