Cogan : Killing Them Softly par Patrick Braganti
Polar atmosphérique, urbain et nocturne qui privilégie la discussion au profit de l'action, laquelle est traitée de manière décalée, presque ludique, d'où la référence logique à Quentin Tarantino. La singularité supplémentaire du film est de l'inscrire dans une temporalité précise : la période préélectorale de 2008 aux États-Unis (qui vit la première victoire de Barack Obama). La juxtaposition des discours des deux candidats et des dialogues des personnages produit avec finesse un choc servant largement à établir l'état d'un pays en déréliction. La conclusion de Cogan tombe comme un couperet : "l'Amérique, ce n'est plus une nation, c'est un business". Constat tragique, mais pourtant réaliste, tant tout semble se résumer au marchandage et à la négociation. C'est un film noir qui tourne le dos aux effets faciles, préférant l'ellipse, presque l'épure par moments. Des petits truands qui se croient malins au tueur à gages réputé et efficace, c'est une immense lassitude qui parait tous les saisir. Fatigués et désabusés à l'image de leur pays partant de plus en plus à vau-l'eau.