Polar atmosphérique, urbain et nocturne qui privilégie la discussion au profit de l'action, laquelle est traitée de manière décalée, presque ludique, d'où la référence logique à Quentin Tarantino. La singularité supplémentaire du film est de l'inscrire dans une temporalité précise : la période préélectorale de 2008 aux États-Unis (qui vit la première victoire de Barack Obama). La juxtaposition des discours des deux candidats et des dialogues des personnages produit avec finesse un choc servant largement à établir l'état d'un pays en déréliction. La conclusion de Cogan tombe comme un couperet : "l'Amérique, ce n'est plus une nation, c'est un business". Constat tragique, mais pourtant réaliste, tant tout semble se résumer au marchandage et à la négociation. C'est un film noir qui tourne le dos aux effets faciles, préférant l'ellipse, presque l'épure par moments. Des petits truands qui se croient malins au tueur à gages réputé et efficace, c'est une immense lassitude qui parait tous les saisir. Fatigués et désabusés à l'image de leur pays partant de plus en plus à vau-l'eau.
PatrickBraganti
8
Écrit par

Créée

le 8 déc. 2012

Critique lue 739 fois

16 j'aime

2 commentaires

Critique lue 739 fois

16
2

D'autres avis sur Cogan : Killing Them Softly

Cogan : Killing Them Softly
RobertJohnson
7

Les Hommes d'affaires des 80's avaient rendu le Super Vilain Mégalomane de cinéma obsolète...

..., Le liberalisme économique du 21e siècle a eu la peau du Gangster. Non mais qu'est-ce que vous avez tous à chier sur ce film? L'image misérabiliste et crépusculaire qu'il donne des gangsters...

le 9 déc. 2012

46 j'aime

2

Cogan : Killing Them Softly
guyness
7

Street fighting man

Rain dogs Non, parce que vous comprenez, maintenant, un film, faut qu’il soit parfait : ni creux (je ne reviens pas sur la critique de Killer Joe d’un éclaireur apprécié qui me fait encore...

le 4 mars 2013

34 j'aime

17

Cogan : Killing Them Softly
Dalecooper
8

Lent. Bavard. Superbe!!

A contre-courant des modes et des attentes, le polar d'Andrew Dominik a été fraîchement accueillie. Pas facile à appréhender, lent, bavard, peuplé par des personnages antipathiques, idiots,...

le 23 févr. 2013

28 j'aime

Du même critique

Jeune & Jolie
PatrickBraganti
2

La putain et sa maman

Avec son nouveau film, François Ozon renoue avec sa mauvaise habitude de regarder ses personnages comme un entomologiste avec froideur et distance. On a peine à croire que cette adolescente de 17...

le 23 août 2013

91 j'aime

29

Yves Saint Laurent
PatrickBraganti
3

La couture lache

Hormis l'interprétation en effet époustouflante de Pierre Niney (la voix et la gestuelle) qui, au-delà de l'exercice purement mimétique, parvient, dans la première partie jusqu'à la rencontre avec...

le 9 janv. 2014

45 j'aime

4