Une nuque longue pour Dexter
L’archétype du petit polar au fort potentiel qui essaye de la jouer oldschool mais se ramasse contre le mur en même temps qu’il force le geste pour marquer les esprits. La faute à une écriture qui n’a rien à proposer pour exploiter les superbes ambiances déployées pour l’occasion.
Parce que sur le papier, Cold in July tient du rêve éveillé. Le retour en grande pompe du polar sec et nerveux porté par des acteurs qui n’ont pas leur pareil pour vous filer le frisson. Mais à l’image de sa bande son inégale, qui tente de mêler le feeling de l’ancien avec la force tonitruante de compositions électroniques misant leur effet sur des basses chargées, Jim Mickle donne l’impression de ne pas savoir sur quel pied danser ; partagé entre son envie de rendre hommage au cinoche dépouillé des années 70-80 et l’ardent désir de montrer qu’il est bel et bien dans son époque, celle du montage clipesque et du tape à l’œil massif.
A trop se poser la question, il en oublie de soigner les personnages qui constituent le ciment de son histoire. Sans densité aucune, simplement esquissés, ils paraissent inexistants à l’écran, et s’ils forcent le respect à l’occasion, c’est bien plus parce que les acteurs qui les portent se débattent pour tirer quelque chose du vide qui les anime que parce qu’ils ont quelque chose à dire. Et il faut bien la monstrueuse classe d’un Sam Shepard pour parvenir à filer le frisson quand il s’agit de manipuler les caractéristiques d’un personnage taillé à la masse d’arme, sans aucune épaisseur sinon celle d’un tapis de stéréotypes. Encore moins bien loti, le charisme naissant d’un Michael C. Hall, qui tente de faire ses preuves sur grand écran, s’embourbe dans les actions improbables qui caractérisent son personnage, âme tremblante et pacifique qui décide sur un coup de tête de s’acoquiner avec le malin pour une expédition punitive.
Cette mine malade à l’origine de Cold In July ne fait qu’osciller entre une contemplation visuelle réussie et des tentatives de mouvement qui s’étouffent alors même qu’elles se mettent laborieusement en marche. De sa manche désespérément vide, Jim Mickle parvient à récupérer tout de même quelques fils narratifs ténus qui sont autant de prétextes avortés pour donner un sentiment de densité à l’action quand elle se met en marche. Mais toute la seconde partie du film, faite de snuff-movie, de kidnapping et d’une remise en question au marteau piqueur de la paternité et ses responsabilités, tombe à plat, ne parvient en tout cas jamais à s’imprimer dans la logique d’une histoire qui n’a jamais commencé.
Cold in july est une belle enveloppe vide, un retour aux sources ampoulé par une intention inexistante sinon celle de copier ce que faisait papa. Une envie légitime, qui ne se suffit pas à elle même, il aurait été salutaire de faire jouer un peu plus le stylo pour écrire les personnages et leurs objectifs. Une étape qui se perd un peu trop à notre belle époque où l’ambiance et les effets visuels sont plus importants qu’une intrigue un minimum cohérente.