L’heure de la confession a sonné : l’auteur des lignes que vous vous apprêtez à lire n’a jamais ouvert un des romans signés Colette. Il ne connaissait le personnage que de nom, comme l’une des grandes romancières françaises du 20e siècle et ignorait tout de son histoire, de son parcours. C’est donc vierge de toute information, sans aucune attente particulière que je me suis plongé dans le très bon biopic de Wash Westmoreland.


L’exercice du biopic n’est jamais simple. Faut-il être extrêmement fidèle aux faits ? Peut-on diverger tout en restant au service de l’histoire ? Peut-on romancer sans dénaturer ? Et que faire pour ne pas céder au classicisme voire à la banalité ?


A la première question, Westmoreland et ses scénaristes Rebecca Lenkiewicz et Richard Glatzer répondent en s’offrant quelques libertés par rapport à la réalité. Le long métrage se focalise sur les premières années de l’auteure à travers sa relation avec Henry Gauthier-Villars dit “Willy” tout en y intégrant des éléments survenus plus tard et en omettant quelques faits s’étant déroulés avant et après son mariage. L’idée est en réalité un artifice pour pouvoir aborder toutes les facettes de la personnalité de Colette. Récemment, Bohemian Rhapsody faisait la même chose, permettant d’évoquer le SIDA dans le film mais à une époque où Freddie Mercury ne se savait pas encore malade.


“Colette le film” raconte les premières années de l’écrivaine, depuis sa rencontre avec Willy dans son village natal de Bourgogne jusqu’à sa vie parisienne. A Paris, elle va découvrir la vie de bohème, le quotidien des artistes. Elle va aussi découvrir que son mari est volage, et qu’il est beaucoup moins sympathique qu’il n’y parait. Sa seule qualité, écrivain qui fait écrire ses histoires par d’autres, sera de mettre le pied à l’étrier de sa femme. En écrivant en son nom à lui, elle va se découvrir un talent et vouloir -tout naturellement- entrer dans la lumière.


Pour tenter d’esquiver la banalité d’un biopic en costume qui pourrait être lourdaud, WWash Westmorelandoigne la reconstitution de son Paris du début du 20ème siècle. Si Budapest a fait office de doublure, le réalisateur a bien tourné quelques scènes à Paris et a inclus par petites touches des effets numériques faisant illusion. Qui plus est, il a travaillé son rythme pour que le spectateur ne s’ennuie jamais. Le tout est surligné par la performance des comédiens. Keira Knightley est parfaite dans le rôle et Dominic West, désormais coutumier des rôles d’écrivain à problèmes conjugaux, s’éclate dans le rôle du flamboyant Willy.


Raconter la vie de Colette actuellement a évidemment du sens. Femme forte qui joue des coudes dans un monde d’hommes blancs machos, elle aurait pu être une personnalité des années 2018. Elle voulait être libre, porter des pantalons et aimer autant les hommes que les femmes. Aujourd’hui, près d’un siècle après les évènements du film, ce sont des sujets encore brûlants. Mais Colette n’est pas seulement un film qui résonne avec l’actualité, c’est aussi un biopic de qualité qui donne envie de se plonger dans les écrits de la romancière.

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le 22 janv. 2019

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