"Le sens du toucher nous manque tant, qu’on se rentre dedans pour sentir quelque chose"
Collision est une petite pépite du cinéma américain, ce genre de films qui nous rappellent que derrière les blockbusters bien calibrés, à hollywood on sait faire des films.
On pourrait croire que le sujet du film est le racisme ; le noir des quartiers, le noir qui a réussi, l'iranien décalé avec la société, le latino qui essaye de s'en sortir... En fait, le film est beaucoup plus axé sur les relations des personnes qui habitent dans une grande ville anonyme, et l'agressivité nourrie des frustrations (pas forcément financières). Très psychologique, collision nous fait suivre des personnages qu'on prend en sympathie ou qu'on déteste le premier 1/4h. Mais le génie du film est que ces personnages vont tous changer radicalement dans les 24h qui sont retracées ; on est face à la complexité de personnages très bien sculptés. La véritable leçon du film c'est qu'on ne sait jamais de quoi on serait capable avant d'être confronté à une situation qui nous met à l'épreuve, et qui met à l'épreuve nos idéaux. A la fin, on ne sait pas quoi penser de ces personnages, on ne les catalogue plus, on les envisage avec la complexité de leur personnalité, sans plus les juger.
Mais en plus d'un scénario bien écrit et d'un thème forcément accrocheur, ce film est réalisé à la perfection ; 1h47, j'avais l'impression qu'il était beaucoup plus long tant les scènes profondément marquantes, émouvantes, sont nombreuses.
Un film sur la morale sans jamais être moralisateur ; sur les relations, notamment familiales, sans jamais tomber dans le cul-cul ; sur la violence psychologique encore plus insoutenable qu'elle est dénuée de violence physique... Une petite pépite, on vous dit.