Le 11 septembre 2001 a brisé le rêve américain dans son affichage d’une nation surpuissante et intouchable. La peur de l’autre s’est immiscée partout. Cet autre, qu’il soit de couleur, de confession ou de niveau social différents représente désormais une menace. C’est sur cette trame que Paul Haggis a construit son scénario et bâti un film au message volontairement musclé. Toutes ces personnes vont se croiser, s’entremêler, se détruire fortuitement alors que tout devait les séparer. Les lésions de cette société paranoïaque suppurent et frappent notre regard. Les effets de mise en scène, les cadrages volontairement nerveux, appuyés et denses poussent le spectateur dans le gouffre sans lui laisser le temps d’analyser. L’action complexe trouvera son dénouement jusqu’à la dernière scène, sous la forme d’un insolent pied de nez. Les acteurs sont renversants dans leurs rôles respectifs. On se réjouit de retrouver un Matt Dillon au meilleur de sa forme dans un personnage ingrat auquel il donne une vraie émotion. Un film choc et intelligent !