Run, man, run.
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Le cinéma de Sergio Sollima est indubitablement un cinéma politique et ce n’est pas ce premier western qui contredira ce constat, bien au contraire. Quand le réalisateur s’attelle au film, c’est lui qui a l’idée de transposer l’intrigue aux États-Unis, d’en faire un western et d’épaissir le rôle de « Cuchilo » pour en faire un péon mexicain. Dans Colorado, il est évidemment question de classes sociales, la dominante n’hésitant pas à se servir des plus pauvres pour parvenir à ses fins. Sergio Sollima n’y va pas avec le dos de la cuillère pour développer un propos engagé, bien éloigné des thématiques américaines quand il s’agissait de parler des Mexicains. Assez malin, il use parfaitement du personnage de Colorado pour ne pas livrer une version caricaturale de son propos. Placé entre deux eaux, le personnage de Lee Van Cleef, qui n’est finalement pas le personnage principal du film, va se refuser à agir aveuglément afin de comprendre la situation. C’est un très bon point du film qui fait, de façon évidente, de Colorado le personnage le mieux écrit de tous et le mieux interprété aussi.
En effet, celui du péon, qui revient à Tomas Milian, ne peut s’empêcher d’être une caricature du gentil bandit qui ne mérite pas ce qui lui arrive. Comme d’habitude, l’acteur cubain en fait des caisses et, dans cette première partie qui côtoie l’aspect picaresque, le ton hésite entre le discours politique et la farce sociale. Le trait est épais et on peut trouver la suite des différentes péripéties éloignée des préoccupations habituelles du western italien. De nombreuses séquences auraient, par ailleurs, très bien pu ne pas exister sans briser le lien du récit mais elles apportent un éclairage certain sur les différents personnages. Toujours est-il que l’histoire en elle-même n’est pas suffisamment tortueuse pour totalement passionner. Heureusement, la mise en scène est d’une redoutable efficacité, les comédiens sont très bons et la musique d’Ennio Morricone recycle ses classiques.
Entre propos militant vraiment intéressant et proposition formelle soignée, ce western ne réussit pourtant pas à être toujours convaincant. Semblant se plier aux exigences du genre (le duel final), le film ne sait pas toujours s’il doit cultiver son originalité ou, au contraire, reprendre les bonnes vieilles recettes pour ne pas perturber son public. D’où une impression mitigée même si on est en présence d’un western à l’italienne qui flirte avec le haut du panier.
6/10
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le 7 oct. 2024
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