S'il n'était pas à sa sortie le premier film à parler des gangs, Colors a été le premier à mettre en scène la violence urbaine d'une manière crédible. Et le choix de Dennis Hopper de poser un constat clinique sans trop d'artifices, dénotait clairement avec les productions qui avaient précédé son film. Avant Colors, les films sur les gangs étaient de purs fantasmes. Pour s'en convaincre, revoir The Warriors...
Surtout, Colors était ancré dans la réalité de son époque, et prophétisait une situation appelée à se développer encore plus. Comme le chante Ice-T dans le film, "les gangs de LA ne mourront jamais, mais se multiplieront"...
Ancré dans les années 80, le film donne l'image d'une police partagée entre la répression pure et dure qu'incarne le personnage de Sean Penn, et la recherche de dialogue qu'incarne celui de Robert Duvall. A l'issue du film, on voit quelle direction prendra l'avenir... D'autant que dans la réalité, l'affaire Rodney King trois ans après la sortie du film a confirmé tout ça. Conséquence directe en terme de cinéma, la réponse du berger à la bergère furent Boyz in the hood et Menace to society.
Sur la forme, Colors est bizarrement construit, entre une première heure d'exposition un peu longue, et une seconde partie où il agence les éléments les uns avec les autres. On peut être surpris de nos jours par le tempo "lent" du film, mais il n'est probablement pas pensé pour être un film d'action, ni même un film policier. Si on excepte l'abominable musique de Herbie Hancock qui plombe l'ambiance, Colors reste toujours autant valable.