Avant Boyz N The Hood et Menace II Society, on aurait tort de croire que les quartiers chauds de Los Angeles (South Central, East L.A.) n’avaient pas été traités de manière humaniste au cinéma.
En effet, dès 1988, Dennis Hopper réalisa Colors, un film policier situé dans ce bourbier, avant les émeutes de Watts. Malgré que le film offre au spectateur la vision des policiers (interprétés par les excellents Sean Penn et Robert Duvall, un duo extrêmement complémentaire entre la fougue du premier et la force tranquille du deuxième), Colors s’efforce de prendre en compte tous les camps et offre alors une vision quasi-complète de la guerre civile qui se déroulait là-bas jour après jour. En donnant la part belle aux gangbangers de toutes origines (on y croise Glenn Plummer, Trinidad Silva ou encore Courtney Gains chez les habitants du quartier), Colors évite donc l’habituel tableau opposant gangsters noirs aux flics blancs. Le film se plante un peu lorsqu’il pose une intrigue policière dans la deuxième heure, là où la chronique de la première heure est quasi-virtuose, mais il n’empêche qu’il regorge ici et là de séquences remarquables. Les quinze dernières minutes en particulier sont très réussies.
Colors bénéficie aussi bien d’un casting quasi-parfait que d’une bande-son incroyable, immortalisée par la chanson-titre d’Ice-T, quasiment plus connue que le film. Aussi humaniste que déprimant, Colors est un grand thriller 80’s.