Remarqué avec le dérangeant et réussit Calvaire puis après avoir confirmé l’essai avec Vinyan , Fabrice Du Welz revient dans un registre différent avec Colt 45.
Fort d’un budget de 10 millions d’euros, le réalisateur a du faire face à un tournage plus difficile car plus couteux donc plus encadré. Pour autant, le film est-il une œuvre digne des précédents projets de l’auteur ou une commande permettant à l’homme de gagner en notoriété ?
On se trouve donc aux côtés de Vincent Milès, jeune instructeur de tir, tombant dans une spirale infernale où chacune de ses décisions aura des conséquences désastreuses. La première partie du film nous permet de connaitre les différents protagonistes. Loin d’être inutile, cela aide à comprendre les multiples milieux impliqués, mais surtout de situer Vincent par rapport à ces entités.
Ces éléments sont essentiels pour la suite du long-métrage étant donner que les rapports humains sont au centre de l’intrigue.
Pour pouvoir rendre crédible ses différents personnages, le metteur en scène a su s’entourer d’acteurs rôdés à l’exercice tels que Gérard Lanvin, Simon Abkarian, Jo Prestia ou encore Philippe Nahon. En plus de ces hommes, deux comédiens se révèlent surprenants : Ymanol Perset et Joey Starr. Le premier porte sur ses épaules le film grâce une interprétation des plus justes. Lorsqu’il est dirigé par un réalisateur doué, le second démontre qu’il peut être un bon acteur. Un casting solide donc où l’empathie ressentie pour Vincent va permettre au réalisateur de jouer avec nos émotions.
D’une durée plutôt courte (1h30) au vu des productions actuelles, Du Welz réussit à marier, à l’instar de Fred Cavayé, des moments de vies des personnages et scènes d’actions. De ce fait, on est transporté dans un grand huit émotionnel où chaque moment de répit est rapidement terni par un événement dramatique.
En plus de nous impliquer sentimentalement, l’auteur offre des scènes efficaces grâce à des idées de réalisations pertinentes en jouant avec le son (bourdonnement pour représenter l’acouphène d’un personnage) ou l’image (caméra en mouvement, plan-séquence, importance de la couleur et la lumière). Ces différents éléments mis bout à bout permet de rendre d’autant plus dynamique l’action et d’exprimer des sensations sans avoir à les nommer.

Vous l’aurez compris Colt 45 est un très bon film comme on en fait que trop rarement de nos jours. Dans le paysage francophone, mis à part Olivier Marshall, Fred Cavayé et quelques films injustement boudés par les spectateurs (La proie, Le convoyeur…), rares sont les œuvres qui arrivent à proposer une vision originale ou personnelle d’un thème classique.
Pour autant, l’œuvre n’est pas exempt de défauts. On peut regretter le final qui démystifie certains éléments de l’intrigue ou encore la pseudo-relation amoureuse entre deux protagonistes qui semblent forcée. De maigres défauts, au vu du plaisir à se trouver face à ce petit bijou sombre et violent.

En somme, si vous voulez voir un film simple et efficace dans sa narration avec aux manettes un réalisateur, faisant partie de ceux qui ont encore quelque chose à apporter au cinéma, n’hésiter pas à aller voir Colt 45.
Pour les aficionados de Fabrice Du Welz, sa prochaine œuvre (Alleluia ) devrait revenir à ces premiers exploits. Selon les premiers retours, elle ne devrait pas vous décevoir.
tzamety
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le 12 août 2014

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