Top gun
L’attente, la promesse même, d’un thriller sec et ultra-violent mis en scène par Fabrice Du Welz, éclairé par Benoît Debie (directeur photo chez Noé et Winding Refn), écrit par Fathi Beddiar (ex de...
Par
le 7 août 2014
11 j'aime
1
Bien qu'ayant quelques cartouches dans le chargeur, ce "Colt 45" est très loin d'atteindre sa cible. Ou plutôt si, il l'atteint, sa cible, celle du petit divertissement, du petit polar. On était pourtant en droit d'attendre mieux, tellement mieux... Pensez, un casting solide pour un film de genre à la française (Lanvin, Joey Starr, Abkarian, Taglioni...), un scénario écrit sans doute amoureusement par un vrai fan de genre, Fathi Beddiar, et un réalisateur belge très remarqué à l'occasion d'un premier film très remarquable en 2005, "Calvaire".
Las, pour son troisième long métrage, Fabrice du Welz a complètement perdu sa patte (qu'on trouvait encore sur "Vinyan", film déjà beaucoup moins réussi que "Calvaire") et il livre une œuvre impersonnelle. C'est ni nul ni forcément désagréable, mais c'est un peu du sous-Valette, du sous-Boukhrieff voire même du sous-Marchal. Un épisode de "Braquo" sur grand écran, quoi. Certes, la photo de Benoît Debie est toujours aussi impeccable dans le genre glauque, mais c'est pas parce que tu filmes des types avec des flingues sous la pluie que ça fait de toi David Fincher ! Quant aux scènes d'action, c'est du grand n'importe quoi, elles sont soit avortées (la confrontation finale, merde !), soit illisibles (l'assaut de la planque des frères algériens).
Et puis le casting qui paraissait si solide s'avère en fait en carton. Entre ceux qui jouent sans aucune conviction (Gérard Lanvin, quelle honte !) et ceux qui jouent avec beaucoup trop de conviction (Ymanol Perset, qu'on imagine plus en candidat de téléréalité à l'accent basque qu'en tireur d'élite et armurier de la Police Nationale, mais bon...), on a beaucoup de mal au moment de distribuer les bons points. Mais où est la direction d'acteurs, bordel ? Comme souvent en cas de pareil naufrage, ce sont les seconds couteaux qui surnagent, ici ces bonnes vieilles trognes de Jo Prestia et, surtout, Antoine Basler, habitués du genre mais injustement méconnus du grand public. Mention aussi quand même à Simon Abkarian et sa barbe à la Claude Rich dans "La Guerre des Polices" (une des influences évidentes du film).
Tout ce joli petit monde n'est en plus pas vraiment aidé par des dialogues pas très inspirés, même si certains qui sentent un peu l'impro font parfois mouche (au hasard, Joey Starr : "Tu les sens, mes couilles ?"). Et la question qu'on se pose alors, c'est : qui est responsable de ce merdier, le scénar de Beddiar ou l'adaptation de du Welz ? Parce que si la sincérité et la bonne volonté de la démarche sautent aux yeux, les maladresses aussi : des poncifs, un patchwork pas toujours cohérent d'influences plus ou moins bien digérées, un twist final téléphoné, des personnages pas assez fouillés, beaucoup trop légers, aux caractères à géométrie très variable et aux motivations brutalement changeantes...
Moi, je les aime beaucoup les p'tits gars de Mad Movies comme Fathi Beddiar ou les autres (Bustillo, Dahan, Carbon et Courtiaud...) mais je préfère largement quand ils parlent ou écrivent ciné que quand ils en font, je les préfère largement en cinéphiles ou journalistes plutôt qu'en réalisateurs ou scénaristes. Le bon critique qui devient un bon cinéaste, ça marchait du temps de la Nouvelle Vague (et encore), moins maintenant, y a qu'à voir ce que nous pondent régulièrement les Marc Esposito ou Laurent Tirard de feu Studio Magazine -qui, il est vrai, n'étaient déjà pas terribles niveau critiques. Bref, tout ça pour dire que sans être complètement mauvais, "Colt 45", c'est pas vraiment de la balle.
Créée
le 27 août 2015
Critique lue 432 fois
D'autres avis sur Colt 45
L’attente, la promesse même, d’un thriller sec et ultra-violent mis en scène par Fabrice Du Welz, éclairé par Benoît Debie (directeur photo chez Noé et Winding Refn), écrit par Fathi Beddiar (ex de...
Par
le 7 août 2014
11 j'aime
1
Visiblement conscient qu'un succès populaire ne peut pas faire de mal, le cinéaste Fabrice Du Welz délaisse momentanément son cinéma déviant et très particulier pour répondre à l'appel du producteur...
Par
le 11 août 2015
11 j'aime
Vincent Milès (Ymanol Perset) est un jeune armurier dont le nom est empreint d’une lourde charge symbolique. Après avoir remporté le championnat du monde de course avec tir sur cible, il est très...
Par
le 7 août 2014
10 j'aime
Du même critique
Avant le film, on se dit qu'on va voir le portrait d'une diva du journalisme, un grand reporter qui a traversé tous les évènements marquants, interviewé toutes les grandes figures de la 2ème moitié...
Par
le 7 août 2015
2 j'aime
Siège d'Europacorp, Paris, 2010 : - Bon, les gars, je vous ai réunis aujourd'hui parce que ma vieille copine Michelle Yeoh m'a confié un projet. Elle en a un peu ras-le-bol de donner des coups de...
Par
le 9 août 2015
1 j'aime
Ai fait cette blague un peu bête (forcément, trouvée sur internet...) à ma nièce (14 ans), récemment : (attention c'est visuel, il faut donc imaginer) au dessus de la photo du commandant Cousteau, la...
Par
le 17 oct. 2016