Non-lieu commun.
Le défi qui se pose à David Mackenzie est le suivant : comment appréhender les clichés qui vont inéluctablement saturer son récit ? Road movie, braquages, traque, fuite en avant, paysages, rien ne...
le 3 déc. 2016
86 j'aime
6
Le comanche : Chez nous on a une devise : Ennemi un jour, ennemi toujours
Tanner : Cela fait de moi un comanche !
Qu'est-ce qu'une métaphore ? C'est une question qu'on pose aux jeunes de lycée et qui désigne d'un terme à un autre thème. Le cinéma est bourré de métaphore et d’œuvres qui signifie autre chose que ce qu'elle veulent nous montrer. X-Men est la métaphore de la ségrégation raciale et de racisme (tout comme Zootopie), District 9 est la métaphore de l'apartheid, Avatar est la métaphore des gamers (les pro mmorpg contre les pro fps) et les Avengers sont la métaphore des sales gosses (ok pas vraiment mais quand on les voit ce n'est pas loin de la vérité). Et Comancheria dans tout ça ? Et bien c'est aussi une métaphore. Mais pour ça il faut critiquer pour mieux la comprendre.
Vu en cinexpérience, j'ai trouvé de prime abord qu'il s'agissait d'un actionner tout ce qu'il y a de plus classique. En faite la réalisation est plus intéressante vers le milieu du film où elle arrive à transmettre plus d'émotion à travers la relation qu'entretiennent les 2 frères Toby et Tanner. Cela dit, globalement, le film se valorise par son rythme plutôt bien géré entre scènes d'actions et moment calme. Il laisse assez de temps pour développer les scènes entre les 2 tandem et ça c'est bien. La musique de Warren Ellis est très bien utilisée et donne une bonne ambiance de western contemporain. Et ... c'est tout. Oui , c'est vrai que je suis peu inspiré pour critiquer le film qui est classe au niveau de la réalisation, mais qui est surtout valorisé par les cadres bien posés, les gros plans bien placés, et le montage efficace. Il n'a guère que le dénouement qui m'a laissé perplexe
Bon je sais. Le hiatus a du sens au fond, mais je pense que la transition était un peu brutale.
Reste les personnages qui sont définis et funs
Au niveau des personnages, on a le Ranger Marcus joué par Jeff Bridges (que ça fait du bien de le revoir). C'est un ranger assez proche de la retraite qui enquête dans une série de braquages auquel est impliqué Toby et Tanner (on y vient). C'est une personne qui agit selon son instinct et son expérience, un poil cynique et désabusé. Il a l'air d'être en froid avec son collègue Alberto Parker mais c'est une relation plus proche de la camaraderie entre collègues malgré les vannes un chouia raciste (je dis bien un chouia car c'est juste des vannes sur des clichés rien de plus). C'est un vieux de la vieille cool.
Alberto Parker (Gil Birmingham qu'on a vu dans la saga Twilight. Sérieux, pourquoi les meilleurs acteurs de cette saga ne sont que personnages secondaires ?) est son collègue mi-mexicain mi-comanche. Lui aussi c'est un ranger qui est un poseur un poil cynique. Ils ont quand même une bonne alchimie malgré le fait qu'ils soient distants. Il est aussi fataliste sur le sort que les Comanches ont eu à travers l'histoire et sur la situation actuelle de cette partie du Texas. Il a l'air d'être inexpressif, mais son aspect fataliste et vieux sage fait qu'on adhère automatiquement au personnage
Toby (Chris Pine) est le héro du film. C'est autour de lui que tout gravite. Son objectif est simple : Braquer les mêmes banques afin de devoir leur racheter le terrain de sa mère défunte. C'est un homme qui pense plus à ses proches et à son avenir qu'à lui-même. Il a un objectif en tête et il y tient. Chris Pine joue le personnage un peu comme James Kirk dans Star Trek Sans Limite. Bref, il est prudent et méthodique et ne veut pas tuer inutilement. C'est un personnage classe.
Tanner (Ben Foster vu dans Warcraft) est carrément énorme. Il est quasiment l'antithèse de Toby. Il est impulsif, joueur, extraverti et fun. Il est du genre à se battre avant de réfléchir, mais il est aussi très instinctif et rusé (bref pas vraiment le genre de personne qu'a décrit Marcus). C'est un de ses personnages funs qui improvisent bien tout en restant cohérent.
Sinon, bah...il n'y a pas d'autres personnages marquants. Il y a bien Debbie (Marin Ireland) qui est l'ex-femme de Toby. Mais c'est tout. Tout ne se concentre que sur les 2 tandems. C'est un peu dommage qu'il n'y ait pas de personnages féminins centraux, mais bon; c'est mineur vu le contexte.
En apparence, l'histoire est simple : 2 rangers pourchassent 2 braqueurs. Seulement voilà, le film est bien plus subtile que ça. D'une part, il exploite bien les états d'âmes, les regrets et l'état d'esprit des personnages (un peu comme Jason Bourne, mais a une autre échelle). Il est avare en action mais cela n'est que peu le but. De plus, cela se voit que le film a été écrit par le scénariste du très bon Sicario. En effet, le film est aussi métaphorique que ce dernier, bien que plus pousser. En apparence et à première vue, il parle de la situation des petites villes du Texas et de la manière que les banques ont racheté des terres aux habitants, de la même manière que les Etats- Unis ont conquis les terres aux Comanches, qui étaient les anciens propriétaires de ses terres. Il est assez étonnant que mis à part Alberto, on les voit assez peu et il n'y a qu'une grosse scène d'interactions avec eux (on est très loin de The Revenant). Cela dit, il y a une raison. Ce n'est pas anodin que Sicario et Comancheria ont été écrits par la même personne et que les titres renvoient à des termes qui ont à première vu rien à voir avec le film. En effet, tout s'exprime par métaphore. Attention, ce que je vais dire vient d'une interprétation personnelle : Toby et Tanner sont les comanches
Oui, si on regarde bien, le film est une métaphore du combat entre les comanches et les shérifs qui veulent les empêcher de reconquérir leur terres honteusement volées.
Si on prend les banques (qui sont les mêmes) comme étant l'état et Tanner et Toby les comanches, c'est c'était l'histoire du peuple qui veut reconquérir leurs terres. Ainsi , les Texans qui les poursuivent et à la fin du film et veulent faire justice eux même, en dehors du fait que ce soit aussi une réflexion sur le port d'arme aux Texas, prennent sens. Car on ne voit clairement pas les rangers les empêcher de se faire justice eux même, mais plutôt de collaborer. L'autre preuve est l'échange final entre Marcus et Toby qui est presque un reflet miroir de l'échange entre Tanner et le comanche au milieu de film
Mais par delà ce sens de lecture, on peut considérer aussi ce film comme un polar maîtrisé. Mais sans cette composante, je pense que le considérer de la sorte fera que ce film serait oubliable. Clair que non. Il est un peu plus complexe qu'il n'y parait et ça c'est bien. Enfin, on peut aussi voir la vision du Texas par le réalisateur dont il a pris un soin indéniable à nous la décrire.
Ce film est très sympathique et possède plusieurs niveaux de lecture, allant du simple au complexe. Malgré le coté film à petit budget, il est indéniablement maîtrisé et mis en image et vaut le détour pour ces personnages (et avec un humour qui fait plaisir). J'ai une nette préférence pour Sicario du même scénariste, mais bon. Cela fait un bon numéro 2
Extrait de l'interview des principaux intéressés (le réalisateur et le compositeur) rencontrés à la Cinexpérience ici. Navré pour la qualité pourrie
Version fun de la critique ici
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de braquage de banque, Contre mon gré !!!, Mon Top 10 de films étendu (les notes 8), Les meilleurs films sur les relations fraternelles et Les meilleurs films avec Jeff Bridges
Créée
le 6 sept. 2016
Critique lue 661 fois
4 j'aime
D'autres avis sur Comancheria
Le défi qui se pose à David Mackenzie est le suivant : comment appréhender les clichés qui vont inéluctablement saturer son récit ? Road movie, braquages, traque, fuite en avant, paysages, rien ne...
le 3 déc. 2016
86 j'aime
6
Comancheria commence comme un film de braquage classique, tendance coups à moitié minable afin de faire du fric facile. Rien de bien neuf a priori, sauf le cadre de son scénario, qui fait évoluer son...
le 7 sept. 2016
83 j'aime
7
Toute une série d'activités, à priori relativement saines ou inoffensives, peuvent se révéler dangereuses, voire mortelles, lorsqu'elles sont pratiquées en état d'ivresse. Les plus connues sont même...
Par
le 7 déc. 2016
67 j'aime
16
Du même critique
Vous vous souvenez du groupe Mecano ? Mais si le groupe de musiciens espagnols Nacho et José María Cano avec la chanteuse Ana Torroja qui par Hija de la Luna se posait la question : es-ce que la lune...
Par
le 8 juin 2019
44 j'aime
9
Attention. Cette critique sera rédigée avec des tas de spoilers et d'injures non masqués que même Allociné ne voudra pas publier. Vous voilà prévenus ! Ce film est génial !!!! Oui vous avez bien lu ...
Par
le 31 oct. 2015
36 j'aime
15
Attention ! Critique avec beaucoup de spoilers ! Je ne vais pas demander si vous avez déjà joué à un jeu Telltale, parce que d'une part je n'en ai jamais joué et d'autre part, les films interactifs...
Par
le 29 déc. 2018
24 j'aime
3