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Après Les Poings contre les murs, dont il est le réalisateur, David Mackenzie se joint à Taylor Sheridan, scénariste de Sicario, pour développer Comancheria, un mélange entre thriller familial et film de braquage. L’histoire se situant dans l’ouest du Texas, le film développe non seulement la trilogie consacrée au « Nouvel Ouest » que souhaite écrire Sheridan (Sicario puis Comancheria), mais rappelle également les bons vieux westerns remis au goût du jour. Nous suivons les péripéties de deux frères qui décident d’enchaîner les braquages de banque après la mort de leur mère. Il s’avère qu’ils se contentent de braquer une seule enseigne dont ils étaient anciennement clients et les ayant arnaqués, et décident donc de venger leur famille de la malhonnêteté de cette banque. En ce sens les deux frère ont un objectif commun bien particulier mais agissent avec des idéaux complètements différents. L’aîné à le sang chaud et un désir de vengeance continuellement croissant, tandis que le cadet est plus mesuré dans ses agissements et sa perception du monde dans lequel il évolue. Après Les Poings contre les murs pour le réalisateur et Sicario pour le scénariste donc, autant dire que les attentes sont énormes et qu’il leur faut placer la barre assez haute.


Malheureusement beaucoup de problèmes se posent à propos de Comancheria. La réalisation est excellente et l’accent mis sur les lumières permet de coller parfaitement au style du film et à son lieu. Des couleurs chaudes au travers d’un paysage désertique et aride, des personnages pour la plupart peu avenants, l’ambiance est maîtrisée. Le Texas n’est pas une terre d’accueil pour tout le monde et Mackenzie nous le montre très bien. La soif de vengeance et de défis plane tout au long du film. Mêlant, chez chaque personnage, à la fois une loyauté indéfectible envers eux-mêmes et leur binôme, et une témérité sans égale, chacun d’eux marquent le ton de cette histoire pendant près de deux heures. On ne rigole pas au Texas, soit tu deviens rapidement un ami, soit tu es un ennemi, un « comancheria », et tu as vite fait de t’en prendre une avant de savoir qu’il faut choisir.


Malgré toutes ces qualités, il subsiste de gros défauts. Dans la lignée de The Rover, Comancheria possède de sérieux problèmes de rythme. Alors qu’on est lancés dans l’histoire directement avec un hold up, qui marque d’ailleurs très rapidement le ton très amer du long métrage, la tension ne parvient étrangement jamais à décoller pleinement. Entre des punchlines peu inspirées et des backgrounds inintéressants, le spectateur se perd dans les informations qui devraient l’aider à suivre. Cela en grande partie car les personnages sont, somme toute, assez clichés. Ils ne sont pas attachants, leur caractère est assez typique, vu et revu, leurs desseins manquent d’ambition ou d’impact, il s’avère difficile de leur accorder l’attention qu’ils méritent, excepté pour Jeff Bridges, mais cela dépasse le cadre filmique. L’histoire y est également très simple (trop simple), alors qu’un énorme travail de mise en scène et d’esthétique est fourni, le scénario peine sérieusement à se lancer. Passé le plan séquence introductif maîtrisé et superbement orchestré, ainsi qu’une suite de braquages relativement intenses, du fait de leur crédibilité et la manière plutôt discrète de les mettre en scène, on s’ennuie assez vite. Le problème étant que l’intrigue principale est trop pauvre par rapport à la manière dont elle est traitée. On ne se sent pas suffisamment investis par l’histoire de nos héros, on n’en connait trop peu sur eux pour éprouver ne serait-ce qu’un intérêt pour leur objectif (ou même pour leur vie). Et lorsqu’on en apprend sur eux, soit nous aimerions en connaître encore plus, soit ça manque d’intérêt. Il faut attendre la moitié du long métrage pour que leurs personnalités se confrontent entre elles et aux autres pour enfin éprouver un soutien envers eux. Ce n’est que lorsque le scénario prend des tournures tragiques que les personnages se réveillent et qu’on parvient enfin à prendre conscience de tout ce que cela peut impliquer pour chaque personnage.


En fin de compte, le gros défaut de cette production est un manque flagrant d’équilibre. Alors que visuellement tout semble maîtrisé au poil, les différents éléments du film ne se répondent pas correctement entre eux. Nous sommes face à une histoire de base extrêmement classique alors que les intrigues sous-jacentes sont bien trop complexes ou pas suffisamment bien traitées. Les raisons pour lesquelles ils braquent cette banque plutôt qu’une autre restent floues et on ne saisit pas vraiment quel était leur objectif final si ce n’est le désir de vengeance pur et simple. On ne sait plus vraiment ce qui motive les deux frères, on ne comprend plus non plus comment les Texas Rangers ont mené leur enquête, on perd tout simplement l’envie de suivre. Ou plutôt, on ne ressent jamais cette envie bien longtemps. Jusqu’à un certain point. Jusqu’à ce moment de non retour dans l’histoire où les relations se renforcent, ou tout prend forme sous nos yeux et où tout fini enfin par faire sens (dans une certaine mesure). Comme si le talent de deux personnes sur un seul et même projet (Comancheria) avait nécessité plusieurs mois de collaboration pour enfin trouver l’osmose.

Notry
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le 17 févr. 2018

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