Second visionnage du film de Kinji Fukasaku (dans le but de faire un exposé sur la façon dont le film mélange aspect proche du documentaire et aspect purement du côté de la fiction) dont j'ai déjà vu 4 autres oeuvres: Battle Royale (2000) évidémment qui m'avait laissé mitigé lorsque je me suis mis sérieusement à voir des films (mais qui au vu de son impact nécessiterait que je me repenche dessus pour en percevoir mieux les qualités), Le cimetière de la morale (1975) film de yakuza assez proche de celui-ci qui m'avait lui aussi un peu déplu dans son côté en mouvement perpetuelle, dans des cadres très serré ou avec des plans débullé qui m'ont donné mal à la tête au visionnage et deux nanars de science fiction assez fantaisiste Bataille au-delà des étoiles (1968) et Les Évadés de l'espace (1978).
Je me souviens que la première fois que j'ai vu Combat sans code d'honneur (1973), j'ai eu du mal à bien comprendre l'intrigue mais je n'ai pas été déstabilisé par la façon de filmer grâce à ma mauvaise expérience sur Le cimetière de la morale.
En le revoyant (avec des sous titres anglais), j'ai eu une compréhension quasi totale de l'intrigue et j'ai réalisé à quel point le film était un monstre d'efficacité, qui n'ennuie jamais le spectateur tout en proposant un vision plus sale des yakuza.
Dès le générique du film, on nous inscrit dans l'histoire des yakuza d'après guerre avec des images d'archives et des noms d'acteurs en caractères rouge sang sublimé par la musique dynamique avec un petit côté jazz mais tout de même lourd et non distanciant.
L'objet du film va être en se concentrant sur un personnage de yakuza honorable de remettre en question cette figure du yakuza idéalisé par la façon dont se protagoniste va s'opposer moralement à tous les autres personnages du films.
L'univers des yakuza présenté est une sorte de bains de sang permanent fait de trahison et de magouilles financières. On le voit dans l'intro aux airs post apocalyptique où des dizaines de personnages évolue en étant présenté mais sans qu'on ait un instant le temps de les retenir. On voit des affrontements parties, des soldats américains qui agressent une femme, un yakuza à la carrure énorme qui découpe des bras face caméra au sabre (en attaquant la figure du yakuza, Fukasaku semble montrer la violence des armes du samourai, autre figure plus ou moins iconisé dans le cinéma japonais) avant d'être abattu par le héros (seul de son groupe à ne pas être lâche) avec un pistolet qui peut être vu comme un symbole de passage à la modernité des yakuza puisqu'il se substitue au sabre dans le reste du film.
Après l'intro, le film reste un grand huit qui ne s'arrête pas (avec peut être un micro ralentissement pour évoquer un peu les troubles inter-personnage en millieu de films), où on enchaîne légère exposition ou discussion avec les yakuzas et diverses scènes de violences (kidnapping, torture (soft), meurtre par arme à feu) avec une mise en scène extrêmement efficace qui est basé sur énormément de mouvement conférant à l'oeuvre un dynamisme très fort tout en ayant des idées plus originales et presques documentaires en utilisant un freeze de l'image et un jingle musicale à chaque mort (en inscrivant le nom du personnage mort et la date).
Les mouvements rendent l'analyse de la mise en scène difficile mais on se rend tout de même compte qu'ils donnent à voir une action toujours très lisible et qu'ils ne provoquent pas de fatigue nerveuse comme ça avait été le cas pour moi avec Le cimetière de la morale.
En somme, quand on arrive à la fin, on voit que le film sépare les yakuzas en deux types: Les suiveurs assez lâche et motivé par l'argent qui ne se mouille jamais (on a ça avec le surjeu assez comique du chef yakuza) et les psychopates près à tuer n'importe qui pour obtenir le pouvoir.
Le protagoniste réprésente lui, une sorte d'idéal du yakuza intègre ce qui est amusant puisqu'il n'est pas yakuza à la base ce qui fait qu'il passe son temps à performer le yakuza idéalisé d'antant en se soumettant majoritairement au ordres de son chef et en cherchant tout de même la solution la plus pacifique possible.
Le symbole de ça semble être la séquence où il se coupe un doigt pour se faire pardonner sans que sont chef soit impliqué pécuniairement (donc rien à voir avec l'honneur) et où aucun des yakuza ne sait véritablement comment faire ce qui l'oblige à demander à une femme qui a déjà vu ça une fois, le tout finissant sur une note comique puisqu'ils ont énormément de mal à retrouver le doigts.
Cette oeuvre forte et très plaisante à regarder, peut être vu comme précurseuse de films de yakuza contemporain comme ceux de Kitano ou de Takashi Miike. J'y vois nottament un fort parralèlle avec Outrage (2010) de Kitano qui bien qu'aillant un aspect plus comique et un aspect moins énergétique que le film de Fukasaku, nous montre quand même une série de trahison et de mise à mort violentes entre yakuza.