Malgré la facture de série Z qui se sent d’un bout à l’autre du film (la jungle fait très « terrain vague », les explosions sont des pétards un peu enterrés, le bébé est une marionnette en plastique hideuse…), le sérieux qui imprègne le film fait immédiatement penser à Apocalypse Now, comme en témoigne la voix off de notre personnage principal qui ressasse ses pensées façon seul contre tous, film dont l’état d’esprit n’est pas si éloigné de ce bel essai de Buddy Giovinazzo. Commençant avec une pérégrination de notre héros en territoire ennemi, le film donne donc dans la description du conflit sous angle halluciné, posture « classique » depuis le chef d’œuvre de Coppola, mais toujours efficace comme en témoigne ce film. Si, malgré ce sérieux, le côté Z peut un peu décourager niveau scènes guerrières (malgré des plans gores à la hauteur), le film prend davantage de poids avec le retour à la vie réelle. Prenant place dans une banlieue en décrépitude, nous retrouvons notre héros marié à une souillon qui le harcèle constamment pour trouver de la thune pour le ménage, avec un bébé d’une laideur assez terrifiante (je pense que c’est le faible budget qui est en cause, mais il n’est pas interdit d’y voir un hommage (involontaire) à Eraserhead). Et quand il sort de son appartement, ce sont les gangs qui viennent le dépouiller, la zone pour les promenades. La seule personne qui semble finalement proche de lui est un autre vétéran, qui sombre lui dans l’enfer de l’héroïne façon Requiem for a dream (avec une gangrène qui commence à s’installer). Niveau glauquerie, on en a pour notre argent, et le film ne cesse de s’enfoncer dans les abîmes de l’inéluctabilité, rien ne venant aider notre vétéran à s’en sortir. Aucune chance, de rares tentatives qui échouent lamentablement… Et ce traumatisme qui revient continuellement à la charge, culminant jusque dans la séquence décisive où notre personnage récupère une arme. Ne sacrifiant jamais le dramatisme de sa violence (chaque mort est un coup dans l’estomac), Combat Shock se hisse d’un coup dans la classe des films qui remuent, comme Taxi Driver ou encore Dead Man Shoes. Et cela sans la moindre prétention, c’est même contre toute attente que le film prend cette ampleur, animé d’une rage peu courante pour du petit budget. Film marquant oublié, Combat Shock est une petite révélation en soit, même si les ingrédients qu’il manipule sont classiques, connus, et qu’ils ne surprennent pas. Mais la violence du ton employé et l’absence de concession (le drapeau américain en prend un coup, avec un final traumatisant) en font presque une œuvre majeure. Un miracle, en somme.
Voracinéphile
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le 23 sept. 2013

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