Parce qu'il a gagné au Loto, François peut s'acheter à demeure une prostituée, une femme superbe dont il pense faire l'épouse aimante et la maîtresse docile qu'il n'a jamais eues. Monica Bellucci, irradiante, incarne cette femme et, plus loin, elle est LA femme, fantasme absolu des hommes par son incarnation d'une beauté et d'une sensualité pas facile à approcher pour le commun.
Mythifiée par le regard des hommes, en particulier de François (Bernard Campan), divinisée par la mise en scène éthérée et par la musique sacrée dont l'enveloppe Bertrand Blier, Daniela redevient néanmoins par instants une créature ordinaire lorsque Blier , malicieusement, rompt le charme par des considérations masculines peu élégantes ou des aphorismes triviaux (notamment lorsque Depardieu apparait à mi-film).
Le thème et le style du film ne sont pas sans rappeler "Trop belle pour toi" où le cinéaste étrennait un maniérisme, une mise en scène solennelle, comme hiératique et presque irréelle. La comédie est plaisante même si elle ne fait que de brèves incursions dans la bouffonnerie et l'absurde, si brillants dans "Buffet froid" ou "Les valseuses" à une époque où Blier, sur le point de devenir un cinéaste complet, n'avait pas encore renoncé à être fondamentalement un auteur, un dialoguiste truculent et incorrect. Incidemment, on retrouve ici, à travers la vénalité des femmes, les accents de misogynie dont Blier a souvent été suspect.