"Je te protégerai"

Explorateurs de l'épouvante, chercheurs de frissons, afficionados de la terreur, passez votre chemin: le film vous semblerait sans doute trop simple, trop mièvre, trop gentillet en comparaison de tout ce qui existe dans le cinéma qui reçoit votre suffrage.

Come Play n'est pas réellement un film d'épouvante.
C'est une très belle fiction sur l'amour, l'amitié, la relation mère-fils, sur les liens qui unissent les gens. Liens mis en péril par le Tout-connecté que dénonce cette adorable fable, ce conte des temps moderne, dont le titre doit, à mon sens, être réinterprété à la sortie du film, surtout passé l'excipit.
Viens jouer avec moi, qui suis là, qui suis réel. Sors de ce monde virtuel dans lequel on nous enferme !
C'est aussi une belle peinture de l'autisme - parfois assez agaçante, ce qui prouve son réalisme - qui assimile génialement et tacitement l'autisme réel à celui, métaphorique, de l'adulte tout entier pris à ses occupations ou de l'individu du XXIe siècle, de la IIIe Révolution Industrielle, qui n'est connecté aux autres que virtuellement, par le biais des écrans.
Ce monstre au dos courbé, se terrant toujours derrière un écran, qui recherche des amis si lointain de par le monde lorsque les vrais, bien réels et quotidiens, sont juste à côté de lui.

Come Play est une sorte de réquisitoire alarmant contre un nouveau rapport entre les êtres, qui fait le choix de l'épouvante par captatio benevolentiae, use de quelques screamers pour soigner son apparence mais qui cherche avant tout à nous émouvoir.
D'où une certaine maladresse, l'impression parfois d'une velléité moralisatrice, mais un très beau final, tout en sentiments.
Guimauve, diront certains.

En attendant, sitôt cette lecture achevée, allez voir ceux et celles qui comptent, qui vous attendent hors des écrans et vous disent: "Come to play" !